samedi 21 mai 2011

GUERLINADE



                Ode à Nahema        



J’aimerais tant la rencontrer dans les jardins de Shalimar, à l’heure bleue crépusculaire, juste après l’ondée et sous le vent, à l’instant magique où Vega apparaît, et déjà mon cœur bat la chamade à cette évocation. Je ne pense pas à une idylle, avec elle j’irai en vol de nuit jusqu’à Mahora…


Elle est tellement belle que je la vois dans chaque passante des Champs Elysées, radieuse Samsara en habit rouge ou petite robe noire, elle affole les regards et les sens, avec sa parure exhalant les effluves musqués de Mitsouko. 

Je l’imagine aussi le soir en garçonne à la Jicky déambulant avec insolence dans les jardins de Bagatelle où dominent dans des champs d’arômes le vétiver et la fleur d’Italie.  




Fragrances et futilités… 
                      
notes de tête mentholées
notes de cœur épicées
notes de fond vanillées.

et un peu de légèreté...
Importance pour le nouveau-nez du choix du nom
Mais à l'ivresse des sens importe aussi le flacon.

lundi 16 mai 2011

MEMOIRE


J’ai lu il y a quelques temps  Mémoire de Catherine Clément….

Je ne suis pas jalouse, non non non ? mais il y a des limites à ce qu’une béotienne provinciale peut supporter d’une intellectuelle parisienne, normalienne, philosophe (avec des dominantes ethnologie et psychanalyse), qui est aussi écrivain, journaliste, essayiste, romancière, conteuse, poétesse anglaise, librettiste d'opéra aux heures de Tristes Tropiques, peintre, aquarelliste … et j'en oublie certainement, qui a été enseignante, militante, « ambassadrice » en Inde et en Afrique… a côtoyé Lacan, Lévi-Strauss, Chirac, Miterrand… les 1ers ministres et présidents de l’Inde, du Sénégal… et tout plein de people de la pensée sauvage et parisienne…

Et on en trouve à chaque détour de page, en 1971 elle part en Iran, va faire une virée épique en Afghanistan au cours de laquelle elle voit les grands Bouddhas qui seront détruits par les talibans; en 2003 elle vole en hélico avec Chirac le long des falaises du pays dogon ; au moment où elle décide qu’elle ne peut continuer  à donner des cours (à la Sorbonne) on lui propose un poste de pigiste au Monde….

Je suis émerveillée par sa vitesse de réaction face à l’écriture et la facilité avec laquelle elle la maîtrise… Parfois elle dégaine un peu trop vite : quand elle apprend qu’Althusser s’accuse d’avoir assassiné sa femme, elle écrit sur le champ un article le mettant hors de cause de cet acte qu’il ne peut avoir commis.

Et pas de règlements de comptes à O.K. Corral, tous ces gens qu’elle a connus, elle les a beaucoup aimés, ils sont tous merveilleux, elle n’a pas besoin de facebook pour faire ami/ami très vite. Elle fait preuve d'un aveuglement politique qui en deviendrait touchant s’il n’était aussi agaçant, il faut dire que lorsqu’on adhère au PC en 1968….c’est le seul point de faiblesse persistant que je lui accorde, car elle enchaîne avec Chevènement et Mélenchon.

Mais c’est dans ce qui touche à l’Inde que mon admiration se fait plus envieuse, voire fielleuse…

Elle écrit et illustre avec des aquarelles magnifiques un livre sur Bénarès et Shiva  avec des couleurs vives pour la plupart; seule cette femme dans le Gange en sari blanc irradie comme une touche lumineuse…

Dans un aéroport  elle trouve une bande dessinée racontant l’histoire de la déesse Mirabaï, elle écrit « la princesse mendiante », elle se promène avec les dieux et en parle comme si elle avait été nourrie au lait de vache indienne. Elle semble réaliser à la perfection cette synthèse que tous les amoureux de l’Inde convoitent, pouvoir s’émerveiller sans restriction, être un peu sceptique, aimer la foule plus que les paysages, croire à la réalité de l’illusion….

Mais je m’incline modestement et je ravale jalousie, envie, mesquinerie et tutti quanti car  elle a écrit « Les révolutions de l’inconscient , histoire et géographie des maladies de l’âme» qui est une véritable merveille de synthèse entre la pensée rationaliste, le songe, les savoirs, le rêve, l’intime, l’universel, l’inconscient…. avec là aussi de très belles aquarelles.

Quelques photos indiennes , à défaut d’aquarelles...

déesse Mirabaï temple Chittor
devant un petit temple à Ganesh
Chittor duo de singes


dimanche 15 mai 2011

En vrac

Un petit fourre-tout du jour…


Beaucoup de choses se bousculent au fronton de l’actualité, des graves, des plus légères, des faits divers un peu avariés…

La dernière en date, encore inédite, fait état des révélations croustillantes du « journal d’une femme de chambre » et pourrait donner l'idée à Tom Wolfe d'un remake du "bûcher des vanités".

Le fait divers qui a défrayé la chronique ce printemps peut s'intituler: « Les aventures de Monsieur Dupont sont un véritable roman », toute ressemblance avec l’affaire Romand ne paraissant pas purement fortuite. Il faut dire que les grands rôles de l’imposture puisent le plus souvent dans un répertoire commun.

Un film, ouverture de festival de Cannes, chaleureusement applaudi nous dit le Monde, critique complaisant qui note les failles abyssales du film (chromos, déjà vu…) mais le rachète dans sa partie conte de fée qui est pourtant encore plus débile que l’autre, et le Paaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaris merveilleux de Woody Allen est encore plus grotesque, encore plus chromo, encore plus cliché, (ah Hemingway le litron à la main toujours prêt à boxer)...
Et la morale bébète pourrait se résumer ainsi : c’était mieux avant mais c’est pas mal maintenant …. poil au dent !

Cela renforce un sentiment de léger décalage, comme dirait Sempé, l’impression qu’on ne parle pas la même langue que certains journalistes, branchés sur le vide et les paillettes; j’ai déjà eu un sentiment analogue avec le film d’Almodovar Parle avec elle….(que j’ai détesté après avoir été une afficionada mais j’ai encore plus détesté les chants des sirènes qui ont loué ce film, la passion, beurk, l’ont comparé à Douglas Sirk….) mais je n’en parle plus, je me suis déjà engueulé pas mal à ce propos.

vous voulez TOUT savoir?
Et le pire est à venir, (ou est venu je ne sais) puisque des chercheurs de chépaquoi veulent déterrer le squelette de Mona Lisa pour que le monde entier sache, enfin !, quels traits avait ce visage énigmatique….C’est immonde, on ne peut pas lui laisser sa part de mystère à cette Joconde, si mystère il y a d’ailleurs, et pourquoi aller exhumer les restes du modèle dans la terre depuis 500 ans, peut-être encore pour remplir des vides, offrir du sensationnel sans le sens et de la sidération qui cloue la moindre pensée au pilori ? poil au….


OUI mais on veut aussi VOIR
                                         

A tire-d’aile

Elle s’étire voluptueusement, avec l’impression d’avoir retrouvé une seconde jeunesse, et peut-être le sentiment que cette fois elle en profitera davantage.
Il y a deux semaines, son visage est sorti remodelé des mains du Professeur Tirepoil, pour lequel elle ne tarit pas d’éloges dithyrambiques, elle avait vu là un signe des plus favorables, qu’il porte un nom pareil pour lui tirer la peau !
Les signes, elle en a vus et entendus depuis qu’elle fait attention à cela, parfois très grivois, comme ces types qui discutaient à côté d’elle au café hier :

¨      Allez ! prête moi ta tire
¨      Mais j’en ai besoin pour me tirer samedi
¨      Allons ! je te la rendrai samedi matin
¨      Je vois ! monsieur la veut pour pouvoir tirer son coup vendredi soir…

Elle avait arrêté d’écouter car cela devenait trop scabreux et ce n’était pas proche de ses préoccupations, elle pensait plus à se faire tirer le portrait par un bon photographe qu’à se tirer au septième ciel.

Elle s’étira à nouveau, elle se tirait une sacrée flegme ce matin.

Elle prend distraitement le journal qui traîne à côté du lit et constate qu’on parle encore du satyre de Neuilly… Quelle déveine si on n’est même plus tranquille dans ces quartiers chics qui attirent les fous et les tire-au-flanc !

Hier au soir elle a regardé le match France-Italie qui s’est terminé par le suspens haletant des tirs au but… Il était temps que cela finisse, cela commençait vraiment à tirer en longueur, comme ce texte d’ailleurs, il serait assez opportun de tirer un trait rapidement…

Finalement elle se sent un peu fatiguée…le contrecoup émotionnel certainement, la peur la tiraillait que l’opération ne soit pas réussie…elle va partir se reposer, même s’il lui faut pour cela casser sa tirelire, c’est-à-dire tirer de l’argent sur son compte épargne.

Tant pis, elle tire sa révérence à l’économie sous toutes ses formes, elle ne veut pas tirer des plans pour l’avenir. Elle veut penser au quotidien, commander une ou deux robes chez cette couturière qui tire l’aiguille comme une déesse, renouveler tout son attirail de maquillage et il lui faut sortir faire quelques achats, dont un tire-bouchon pour pouvoir boire ce soir la bonne bouteille de Bourgogne qu’André lui a apportée, tirée directement du tonneau d’un grand crû.

La fontaine de Jouvence
Depuis qu’elle a vu Isabelle Adjani gonflée à bloc elle se dit qu’elle aurait du attendre les nouvelles techniques. Elle se dit aussi que pour une actrice c’est un peu gênant de paraître 20 ans quand elle en a 55 et surtout de n’arborer plus qu’une seule expression, celle du hamster qui grignote. Ça c’est purement gratuit et jaloux (ndl) mais ces pôvres actrices qui vieillissent vivent le martyre et nous tirent des larmes !   

Cette fois il vaut mieux tirer le trait final.( et faire grâce des tire-jus, tire-lait, tire-fesses et autres tire-larigot...).


Ce texte mot-mot-maniaque est né d’une rencontre et d’un délire autour de réflexions de Claude Sarraute sur ses remodelages du visage, faits trop tôt, selon ses dires mais j’ai aussi à cette occasion découvert avec bonheur Jean-François Revel.