mercredi 31 août 2011

On connaît la chanson….


La chanson est un art mineur, c’est ce que sortait Gainsbourg, toujours provocateur, devant un Guy Béart furax…

En mineur ou en majeur Gainsbourg a écrit des chansons magnifiques et si tout le monde connaît la rengaine l’eau vive, peu de gens savent que Béart a écrit une chanson (je vais avoir du mal avec les adjectifs dans ce texte, je le sens…) éternelle d’actualité, Parlez moi d’moi, (y’a qu’ça qui m’intéresse, parlez moi d’moi, y’a qu’ça qui m’donne d’l’émoi…), que je rêvais de dupliquer et d’envoyer à pas mal de gens, surtout les politiques, enfin tous ceux qui commencent leur phrase par : moi je ; dans un registre proche, Tamalou, de Françoise Hardy, fait du bien dans cette époque  geignarde et nombriliste. 

La chanson éveille, réveille des souvenirs, toujours un coin qui me rappelle, trotte dans la tête quand elle ne la fait pas tourner, s’évade et puis revient,   pourquoi celle-là, qui m'agace ? ( Céline toi qui as toujours de beaux yeux... scie pour moi et d’autres je l'ai constaté).

La chanson est un signe d’appartenance, j’ai eu une brève période yéyé, que je ne renie pas, cela m’a permis quelque temps de croire à l’illusion de faire partie d’un groupe, ni meilleur ni pire que ceux des engagements.

J’ai gardé du goût pour certaines chansons, Bonne chance de Johnny, écrite par Aznavour, Le premier bonheur du jour, de Françoise Hardy, et d’autres qui refont surface de temps en temps.

Durant mes écoutes adolescentes je me souviens de ma mère me disant de baisser le son de l’électrophone (késako ?) quand je passais Johnny fais moi mal, mais chui pas une mouchcheu… (Boris Vian), de l’émerveillement des musique de Ferré sur les poèmes de Verlaine et Rimbaud avant Amour Anarchie.

Une chanson que je n’ai pu retrouver, Rue de Crimée, chantée par Mouloudji, mais je l’ai toujours dans un petit coin et sur un vieux 45 tours (la marchande de tabac était intellectuelle, elle m’avait remarqué parmi tous ces voyous, qui fumaient et juraient avec des airs de loup, aimant mon front sérieux, ma chevelure rebelle…).

Plus tard j’ai tu certains attachements, ça ne se faisait pas dans le milieu gaucho de dire qu’on aimait Dalida, mais j’adore chanter, je dirais même beugler L'histoire d'un amour et je me rattrape aussi sur Il venait d’avoir 18 ans.

La chanson dérive, chavire, se joue des mots et des tours,  elle évoque une époque, une personne, un sentiment, une petite note lancinante suffit à créer l'ambiance.

Tarantino a redonné une place de choix à la chanson, bang bang a été réutilisée, en espagnol, chantée par Dalida, dans un film canadien (Les amours imaginaires).

Avec le temps, la chanson embellit, se pare de nostalgie, il y a certaines chansons qu’on ne peut plus écouter… pas cette chanson, non, non, non! Et il y a des voix so sensuelles, celle de Léonard Cohen quand il est my man, la chanson est impertinente avant d’être pertinente, J’aurai ta peau, Léon

La chanson apaise, cajole, réconforte, câline, j’ai eu des chansons, voire des albums doudou , celui de Birkin (double CD Je suis venu te dire que je m’en vais) et Katie Melua avec Piece by piece.

Et les rencontres de hasard (que nenni dirait le psy), celle d’ Antony (and the Johnsons) et le choc de voir à Fourvière un bonhomme si gauche à la présence aussi envoûtante !

La chanson rassemble, voir les fêtes, les rituels familiaux, les chorales, mais il y a des connivences beaucoup plus restreintes qu’en littérature, je ne connais qu'une personne avec qui je peux évoquer Antony.

Il y a des énigmes, la recherche d’un chanteur après une voix entendue sur une cassette rapportée de Turquie, les fausses pistes; quand je suis allée à Istambul, j’en ai acheté une qui n’avait rien à voir, et je l’ai trouvé, Ahmet Kaya, un CD qui fait partie de mes trésors, il est mort peu après, dans des circonstances troublantes.


Dis, mais quand reviendras-tu de Nantes ou de Göttingen nous chanter une petite cantate pour nous soulager de nos insomnies et nous distraire du mal de vivre ?


Une chanson pour finir
Un bijou à (re)découvrir
Le bal perdu (c’était bien)
Chanté par Bourvil sinon rien
La chanson peut être un art mineur
Qui apporte tout plein de bonheur





samedi 27 août 2011

Vor dem Frühstück

 
Le livre d’allemand que j’avais en seconde est un monument, pour certains ce serait plutôt un fossile, et le sous titre de l’ouvrage est : Phantasie und Wilklichkeit… pour ce qui est de Wirklichkeit, la réalité, on ne trouvera pas dans ce livre des éléments pour la vie quotidienne, tout au plus des planches grammaticales à la fin. Quant à la Phantasie, l’imagination, Gemüt, le sentiment, Sehnsucht, la nostalgie…. à fond la caisse, et même des passages en gothique !

A propos de passage, c’est une seconde langue que je « prenais » alors comme première langue, j’étais donc volontaire, pourtant les 2 années précédentes avaient été conduites d’une main de fer par une prof (psycho-rigide dirait-on maintenant), mais le charme avait opéré, et je crois que cette littérature, ces légendes, du roi des Aulnes à la Lorelei, me faisaient plus rêver que les textes insipides d’anglais comme  A tea at Mr. Picwick  et  Bound for Oregon.

Quand nous étions en Allemagne, l’été 90 je crois, les enfants se fichaient de ma figure car je ne savais pas lire la carte du resto, ne connaissais pas le vocabulaire usuel, en particulier le mot poubelle ; certes, mais je pouvais citer le mot Abfälle, et le texte de Rilke auquel je le référais, qui parle des exclus et des déchets de l’humanité…

Toujours lors de ce voyage, quand nous avons découvert la prodigalité des petits déjeuners allemands, nous nous étions amusés à faire deux photos ; sur l’une nous rentrions le ventre et creusions les joues, vor dem Frühstück, sur l’autre on se laissait aller, pansus et repus, nach dem Frühstück

Si j’écris ce texte maintenant, c’est avant de partir 18 jours en Allemagne, avec deux semaines de cours au Goethe Institut de Dresde, et même si je suis atypique pour être évaluée avant les cours, au moins je ferai un peu rire les Allemands avec mes bases très XIX siècle…

Une petite joke pour défendre cette langue, c’est un Allemand sur le sol français, qui dit : « che ne comprends pas, on dit que l’allemand est une langue ddure, guttturale, et pourtant quand on traduit : Siehst du den kleinen Fluss, der fliesst dort in dem Tal, ça ddonne en français :
Regarte la p’tite riffière qui koule là-bas tans la ffallée





Et j’aurais au moins des photos modernes  pour nach dem Frühstück !

samedi 20 août 2011

Bœuf bourguignon

Trois semaines dans une maison près de La Clayette[1]
Et cela suffit pour se laver complètement la tête

Mais si c’est pour faire des rimes aussi débiles il faudrait peut-être changer de shampoing !

J’ai tenté d’écrire sur l’Italie, mais ce n’est guère encourageant, et certainement plus original et plus drôle sous la plume de Stendhal ou Dumas. 

Dans cette région de la Bourgogne, le Brionnais, beaucoup d’églises, romanes en diable, de la modeste chapelle de St Maurice les Châteauneuf au-milieu d’un petit cimetière de guingois jusqu’à la basilique de Paray-le-Monial, avec ses pèlerins[2] et pèlerines, et les merveilles d’Anzy-le-Duc, Semur-en-Brionnais, et Bois-Sainte-Marie pour son déambulatoire et ses chapiteaux.

la vierge au raisin  Semur
Il y a aussi tout plein de châteaux, La Clayette, Drée, Chaumont…


Mais surtout il y a des vaches et la plupart ont des cornes !, taches blanches dans des prés vallonnés et ceints de haies et de petits murets, on dirait que les fermiers se relèvent la nuit pour les égaliser…c’est une campagne active, où la main de l’homme a beaucoup foulé le pied, et prolifique en animaux de toute espèce, insectes, rongeurs, oiseaux (que de buses ! et grasses) et même des tourterelles carrément obèses…on se passerait bien des aoûtats, moustiques et guêpes…une fouine avait fait son nid dans le toit de la maison, et marqué son territoire qu’elle n’était pas prête à lâcher, et les propriétaires n'avaient pas invité les rats taupiers en subway dans leur jardin.

Le mercredi, jour de la foire aux bestiaux de St Christophe en Brionnais, l’activité est encore plus frénétique, et on croise toute la journée sur les petites et grandes routes, des camions vides ou pleins de bovins.

J’ai eu l’idée d’un monopoly bourguignon, Burgopoly, où de grosses fermes-manoirs correspondraient aux maisons de la rue de la Paix, et les hôtels seraient remplacés par des troupeaux et des tracteurs. Pour élargir l’horizon, quatre grands vignobles pourraient remplacer les gares, Clos Vougeot, Gevrey-Chambertin, Meursault et Nuits-St-Georges, j’ai pris ceux là non pas en connaisseuse mais surtout pour leurs noms.

Et un de ces petits vins accompagnerait un morceau de choix, bavette, onglet, manteau, araignée, hampe… mieux encore poire ou merlan et comme dessert je suggère une descente à la pâtisserie de La Clayette, dont la vitrine est déjà un plaisir. 



sunset en Brionnais

C’est une campagne reposante qui éveille les sens, ou les réveille de la télé, l'ordinateur et autres vacuités addictives; on pourrait faire des comparaisons avec l'Angleterre et l’Italie, et si je ne suis pas beaucoup plus inspirée, c’est d’abord à cause de la chaleur on va dire…et je vais compenser le déficit d’imagination par quelques photos. 


Dans l’église la plus proche de la maison, il y avait un autel en pierre, lui aussi de style roman, percé à l’arrière d’un trou dans lequel on peut introduire la tête. Il s’agit d’un débeurdinoire  destiné à soulager toutes les formes de la bêtise universelle.


[1] On prononce La Clette
[2] A propos de pèlerins voir le film Lourdes