mardi 31 janvier 2012

genèse

J’aurais voulu montrer aux enfants ces dorades
Du flot bleu, ces poissons d’or, ces poissons chantants .





Le premier jour
Elle a cherché
Elle a glané de ci …solitude, songe, spleen, soliloque, silence, de là… madrigal, écureuil, outrecuidance…
Le deuxième jour
Elle a navigué sans rime ni raison
Phare de brume
et mots croisés
Le vent dans les voiles gonflées
Chercheur d’or
et volupté
Conscience tranquille
et panier percé
Le troisième jour
Elle a bredouillé
J’avais…
Je voulais…
Je pensais…
Je pourrais…
Je ne sais…
Si j’osais...
Le quatrième jour
Elle a rechigné
pleuré
maugréé
déversé
Le cinquième jour
Elle a dé-chanté
dé-sabusée
dé-sorientée
dé-semparée
rêves estompés
Le sixième jour
Elle a recollé
un monde sauvage
images estompées
origamis


Le septième jour
Elle a vidé le grenier


après cet amusement léger
comme un souffle primesautier
je vous propose une vidéo
sur le pouvoir des mots


mardi 24 janvier 2012

alphabet amoureux


Dans la série des jeux littéraires j’aime les propositions de Pascal Perrat (blog entre2lettres pour ceux que cela intéresse).
En voici une où il a commencé avec A, B, C et D, et on peut continuer sur tous les modes (toutes les modes) et tous les temps…


A aime B qui ne rêve que de C qui n’a d’yeux que pour D entiché de E qui ne pense qu’à F qui écrit des lettres passionnées à G transi d’amour pour H qui en pince pour I laquelle aguiche effrontément J qui espère un retour de K qui se damnerait pour L qui adore M qui se ronge pour N qui souhaite une liaison torride avec O qui se désespère pour P émoustillée par Q qui est mordu de R qui fantasme sur S dont le cœur s'emballe à la vue de T qui roucoule pour U lequel est prêt à convoler avec V qui a quitté W qui ferait volontiers des choses à X qui envoie des mots doux à Y qui se rapproche ostensiblement de Z qui n’aime personne !


Style djeune…



A craque pour B qui kiff grave C qui ne calcule pas D qui envoie des textos explicites à E qui s’est pacsé en secret avec F qui a séché les cours avec G qui fait la gueule à H qui drague I qui veut faire un enfant à J qui se maquille en pensant à K qui a rompu avec L qui a fait une fugue avec M qui prend du leixomil à cause de N qui propose des trucs vicieux à O qui espère un plan plus romantique avec P qui prend son pied avec Q qui n’éprouve quedal pour R qui frise l’anorexie pour S qui répand des ragots infâmes sur T qui se la joue indifférente devant U qui flirte et plus avec V qui prend la place toute chaude dans le lit après W qui lorgne sur X qui bave devant Y qui est morgan de Z.


Style précieux…


A dessine la carte du Tendre pour B qui est en pâmoison devant C qui s’est battu en duel pour D qui a accordé ses faveurs à E qui compose des sonnets pour F qui lutine G qui soupire pour H qui rêve d’un hymen avec I qui a fait faire le portrait de J qui s’est pris d’inclination pour K qui n’éprouve qu’indifférence pour L qui fait sa cour à M qui va au bal pour rencontrer N qui est l’amant de O qui se trouble devant P qui a avoué sa passion à Q qui est sur le point de s’éprendre de R qui se montre ingrat envers S qui use de délicatesse avec T qui a pour rival U qui chante les louanges de V qui traite W avec mépris, lequel a des complaisances pour X qui a perdu sa réputation avec Y et la bienséance ne permet pas de dire ce qu’il a fait à Z.

jeudi 12 janvier 2012

La religion du père


Sur quoi écrire en ce début d’année? 

Ce sont les 10 mots 2011 qui sont à l’origine de mon blog mais les 10 mots 2012, qui vont voir du côté de chez Rousseau, vont peut-être y rester car ils ne m’inspirent guère…

J’ai été abasourdie, comme d’autres, par la proposition de M. Dukan (la tentation est grande de changer la voyelle) de faire une option anti-obésité au bac, mais François Morel l’a très bien torché vendredi dernier sur FI.

J’ai découvert en cette fin d’année le blog de Pascale Robert-Diard qui tient les chroniques judiciaires du Monde. Celle du juge et la pendule (publiée le 23 décembre) est pas mal, mais ce qui retient mon attention aujourd’hui concerne Elisabeth Roudinesco, historienne, entre autres, de l’histoire de la psychanalyse, et Judith Miller, je ne sais pas ce qu’elle est à part fille de Lacan.

La seconde accusait la première d’avoir trahi les volontés d’un mort dans son livre Lacan, envers et contre tout.
Mme Roudinesco écrit en effet : «Bien qu’il eût émis le vœu de finir ses jours en Italie, à Rome ou à Venise et qu’il eût souhaité des funérailles catholiques, il fut enterré sans cérémonie et dans l’intimité au cimetière de G. »


A l’audience du 16 novembre, qui a duré près de 3 heures, on imagine la haute teneur des débats, qui n’ont sûrement pas porté sur la jouissance féminine quoique… avec un final de l’avocat de Mme Rudinesco qui réclame : « le doute, fût-il grammatical, doit bénéficier à l’accusé ».
 



Le tribunal a rendu son jugement le 11 janvier et refuse le bénéfice de la bonne foi à E. Roudinesco qui a été condamnée pour diffamation. Je ne sais si cela fera jurisprudence, ou prudence tout court quant au pouvoir d’un mot fût-il (futile ?) un imparfait…


Je n’userai pas du subjonctif pour donner quelques éléments très subjectifs. Judith Miller m'est plutôt indifférente (léger euphémisme pour pas très sympathique), son mari, Jacques-Alain Miller (contrepèterie tellement Yau de Poêle que je n’ose…si si osons! Aller-Malain) ayant-droit moral de Lacan également,  les amis de Lacan lui ont fait un procès à l'issue duquel l'Association a été déboutée, c’est vertigineux ce que ça brasse dans le marigot des grands Autres, fussent-ils amis ou parents du Maître et Elisabeth Rudinesco m’a paru assez imbue de sa personne quand je l’ai entendue dans deux conférences.

Dans la dernière, à propos du livre déjà cité, elle n’a eu de cesse de dire que si elle n’avait pas beaucoup côtoyé Lacan, hormis petite fille car il venait souvent chez elle, sa mère en revanche l’avait bien bien bien connu, et à la lumière de cette affaire, ou à la pâle lueur de ses zones d’ombre, en imaginant ces deux femmes se montrant les dents dans ce prétoire, je ne peux m’empêcher de faire une sauvage interprétation débridée…et si cette rivalité rendue publique mettait à jour le fantasme de l'une d'être l'autre fille illégitime de Lacan  ? en tout cas y’a du signifiant dans l’imaginaire de la filiation.

Pour sortir de ce huis clos très parisien une petite tranche d’utopie avec les naufragés du fol espoir (Hélène Cixous)

Et si nous y allions ? Si nous cherchions la lune sur la terre ? De quoi aurait-elle l’air ? Elle serait blanche, brillante et vierge. Ce serait une île. Imaginons. On pourrait y tracer le modèle de l’humanité future. On dessinerait la démocratie idéale 3000 ans après Eschyle.