mercredi 9 octobre 2013

volent volent volent jolis papillons...


Que sont donc ces temps où parler des arbres est presque un crime
Puisque c'est faire silence sur tant de forfaits!
Berthold Brecht, à ceux qui viendront après nous

Oui mais parler des forfaits c’est sans fin, Lampedusa évoque aujourd'hui plus un film noir que le guépard, la liste du dérisoire est toujours actualisée, une photo familiale matchée de la cérémonie du thé devant le petit château de Sieur Fillon et hier sur la 2 à propos de Matthieu Ricard on voit une femme qui était  arrogante, méprisante, qui est devenue gentille, dit bonjour à son boulanger… et M.R. de surenchérir que c’est prouvé scientifiquement, qu’on peut vivre plus longtemps si on est altruiste… c’est à pleurer ! Finalement à trop faire dans le consensuel on dérive vite sur la rive opposée.

Eh bien indirectement je vais parler des arbres.

Qu’est-ce qui est orange, pèse moins d’un gramme et entreprend chaque année un immense périple pour hiverner ?
C’est le monarque, un papillon aux ailes nervurées de noir et tachetées de blanc.
J’ai découvert cette fabuleuse migration dans le roman de Barbara Kingsolver dans la lumière et cette étonnante correspondance entre le Canada et le Mexique.
Un petit résumé des faits avec des lacunes sûrement, les sources du net n’étant pas toujours claires et parfois contradictoires.
La génération de lépidoptères née vers la fin de l’été est celle qui entame le voyage de l’Ontario vers le nord du Michoacan, à 200km à l’ouest de Mexico dans une immense forêt d’altitude de cyprès, pins et grands sapins. Ce papillon migrateur est aussi un planeur qui se laisse porter par les courants aériens ascendants pour franchir les montagnes et un insecte qui se met en diapause de la fin de l’automne au printemps et si une seule génération fait le voyage aller, plus la pause, ce qui fait une durée de vie de 7 à 8 mois, il faut plusieurs générations pour le come back, les autres générations vivant en moyenne 2 mois.

Ils se reproduisent en mars, à la fin de la période d’hibernation. Pendant le voyage vers le nord ils pondent leurs œufs sur des plants d’asclépiade. Ces plantes contiennent des alcaloïdes toxiques pour de nombreux animaux. La chenille consomme les feuilles de la plante, emmagasine les cardénolides, un stéroïde, ce qui la rend indigeste pour les oiseaux.
Un autre papillon fort ressemblant au monarque, le mimique, est comestible mais du coup dédaigné lui aussi par les prédateurs.
C’est la fournée des œufs pondus entre le Mexique et le Canada qui revient en général en juin, plusieurs générations se succèdent avant d’atteindre le Canada.

Comment les papillons retrouvent-ils ces lieux qu’ils tapissent d’orangé et les mêmes troncs sur lesquels ils s’agglutinent…, j’ai lu des choses sur les horloges « circadiennes » de leurs antennes mais on ne va pas demander aux anguilles pourquoi elles quittent les froides rivières d’Europe  pour frayer et mourir dans la mer des Sargasses!