mercredi 13 mars 2013

J’ai rêvé que je retournais à Manderley…


Littérature, cinéma ? entre les deux mon cœur ne balance pas, il fait du cabotage et ses ports d’attache sont variés et changeants.
A certains moments je préfère revoir un film qui ne me procurera pas toujours le même enchantement que la première fois…mais c’est pareil pour un lieu d’enfance qu’on mythifiait et qui nous semble tout à coup bien étriqué.
Je sais aussi que si je prends certains volumes dans la bibliothèque, comme le fantôme de Canterville, juste pour vérifier s’il peut apparaître dans cette rubrique par exemple, eh bien je ne le lâche pas et je peux le relire pour la dixième fois comme un conte.

Là j’ai envie d’ouvrir la porte, livre et film confondus, de certaines demeures qui se trouvent juste après le tour de loquet du il était une fois


En arrière plan du film de Spielberg, Lincoln, et surtout celui de Tarantino, Django, je ne peux m’empêcher de penser à Scarlett O’Hara, Mam’zelle Scarlett et son domaine, Tara, qui symbolise tout ce que le sud a perdu. Plusieurs actrices ont été pressenties pour le rôle, Paulette Godard et Katharine Hepburn entre autres mais les premières scènes de la prise d’Atlanta ont commencé sans l’interprète féminine. Sur le plateau, le frère de Selznick est arrivé avec deux amis, Laurence Olivier et Vivien Leigh…on connaît la suite et le public aurait dit mieux vaut une Anglaise qu’une Yankee !

Rebecca, le premier film américain d’Hitchcock d’après Daphné du Maurier ; deux points communs avec le précédent, Selznick est producteur et une vaste demeure gothique, Manderley, occupe une grande place, à tel point qu’Hitchcock a pu dire que la maison est un des trois personnages principaux du film .
Ah Maxime de Winter et sa gauche épouse, on sait à peine son prénom, elle entend celui de Rebecca des dizaines de fois dans la bouche de la glaciale Mrs Danvers, elle ouvre fascinée la chambre de la défunte dans l’aile ouest de la maison...

Il a obtenu l'Oscar du meilleur film de l'année, la statuette ira à Selznick et sir Alfred n'en aura jamais.
Encore un point de comparaison, il s’agit de l’adaptation d’un roman célèbre. Dans son livre d’entretiens avec François Truffaut Hitchcock raconte l’anecdote suivante : deux chèvres sont en train de manger les bobines d’un film adapté d’un best-seller et une chèvre dit à l’autre « moi je préfère le livre ». 


avant
après...
La lande anglaise des sœurs Brontë est à elle seule un royaume mais Thornfield Hall est inséparable de Jane Eyre et de son amour pour le maître des lieux. Comme le précédent il brûle mais l’amour de Jane (même prénom que l'épouse de Max de Winter) et Rochester va triompher et la mauvaise femme partir en fumée comme la gouvernante de Manderley .

Dans le patrimoine français ce serait plutôt la rubrique des palais et châteaux qu’on ouvrirait avec le Louvre qui sert de décor à plusieurs romans d’Alexandre Dumas, des trois mousquetaires à la reine Margot, le château de Chambord pour peau d’âne de Jacques Demy ; et un domaine sans nom qui laisse d’autant plus place au rêve, « quelque vieux manoir abandonné…quelque vieux pigeonnier désert… », nous n’avons comme description que la tourelle grise que le grand Meaulnes aperçoit au-dessus d’un bois de sapins.

 
Un final célèbre, sur la grille d’entrée de Xanadu une affiche défense d’entrer dans ce manoir lugubre (NO TRESPASSING) qui recèle de nombreuses sculptures toujours dans leurs caisses et le citoyen du lieu, un certain Charles Forster Kane, s’y éteint solitaire une boule de verre dans la main…
 

vendredi 1 mars 2013

Amouourrrr, amouourrrr…


Le film de Haneke a raflé bien des mises, à commencer par la Palme d’or à Cannes, une brouette de Césars et comme dessert l’Oscar du meilleur film étranger. Une presse pas forcément de caniveau laisse entendre qu’il serait déçu de n’avoir point l'oscar suprême, bon il ne va pas nous la jouer Angelopoulos qui a fait un caca nerveux à Cannes car il n’avait pas eu la palme ; remarque ça a marché, il l’a obtenue l’année suivante ou 2 ans après pour l’éternité et un jour…et Haneke a quand même évoqué dans son discours pour le ruban blanc qu’on lui avait susurré qu’il l’aurait pour caché
Bon mais trop d’Amour trop c'est trop, tant d’éloges cela fait déraper dans les pommades et les sirops douçeâtres.
Je n’ai pas dit du mal..., Amour n’est pas un mauvais film, c’est juste que le consensus est trop gros, trop visqueux…Je n’ai jamais pu oublier que j’avais devant moi Emmanuelle Riva et Jean Louis Trintignant, encore moins lors de certaines scènes marquantes et pas une seule fois j’ai entendu une critique émettre l’hypothèse que cet amour pouvait engendrer une haine libératrice dans le passage à l’acte…peut-être rêvait-il de faire cela depuis des années  en tout inconscient toute horreur…et j’avoue que je n’ai pas bien saisi la fin du film.
Je ne peux oublier non plus que leur fille c’est Isabelle Huppert, la pianiste palmée d'Haneke, la présidente du jury lors de sa première statuette d'or deux ans avant, et face à ces deux acteurs distanciés mais si présents, elle qui en connaît pourtant un rayon dans la distanciation, ne peut vraiment exister. Elle était nominée pour le césar du meilleur second rôle, n’importe quoi!… Je n'ai pas vu Clo-Clo avec Jérémie Renier mais il le méritait certainement, le césar, ainsi que Marion Cotillard dans le film d'Audiard; on n’a pas récompensé la prestation ni le rôle de composition, plutôt celui de décomposition, oui c’est mauvais mais aujourd’hui je fais ma crise anti-consensuel et une allergie à l’ego hypertrophié avide de reconnaissance.

J’ai commencé hier un livre que j’avais fort convoité, le Diable, tout le temps, césar, oscar ou sucette d'or du meilleur livre de l’année pour le magazine Lire…dès la fin du premier chapitre un sentiment de lassitude m’a engourdie. Marre des alcooliques obsédés par le sexe et la religion... ça c'est l'aspect soft, on verse vite dans le côté plus hard avec des psychopathes assassins; alors j’ai refermé le bouquin et j’ai repris avec délice le deuxième tome des Thibault, Jacques et Antoine m’attendaient au coin d’une page.


y'a pas d'photo
alors une vidéo...