samedi 12 décembre 2015

Un musée qui a de l'étoffe

La première fois au musée des tissus c'était pour une exposition Balenciaga . C'était il y a trente ans et je me souviens du chatoiement des étoffes et des silhouettes cintrées de noir. Il y a eu d'autres expositions que je n'ai pas toutes vues mais l'enchantement est toujours présent comme pour les robes de Peau d'âne du film de Jacques Demy.
Et il a son beau fond, les carrés de soie, les tapisseries, les vases, les statuettes...




une expo à Paris sur les toilettes de la comtesse Greffulhe
qui a donné son élégance à la duchesse de Guermantes,
robe d'intérieur créée par Charles Frederick Worth







couleur du temps, de lune et de soleil












Il est au coeur de la presqu'île, il est l'héritier des canuts et soyeux lyonnais, il a inspiré des créations récentes chez Hermès (fleurs et papillons de tissus)




 Et quelle chance de trouver des cartes comme ce fusuka à décor de blaireau au clair de lune (Satin brodé. Soie. Japon, 19ème siècle) 




     et des sacs à offrir aux copines






un p'tit coin tamisé du p'tit grain
Quand on a un petit creux, et même un gros, en face du musée, le petit grain a des recoins très accueillants et son bo-bun vaut le déplacement.







 Comme dans la cour du musée de l'imprimerie ou celle du musée Gadagne, comme dans le jardin du palais St Pierre, il y a le plaisir de pénétrer dans un lieu plein de charme dont la perte ternirait surement l'éclat de la ville.



mercredi 14 octobre 2015

Folle de toi


Un dimanche de fin septembre, dans sa campagne du haut beaujolais, une amie a reçu ce coup de téléphone désespéré à 2h du matin « au secours, viens vite ». Quand la personne a pu se présenter, c’était la voisine, terrorisée, qui entendait un énorme barouf  sur son toit.

Mon amie a réveillé son mari, et armés d’une lampe de poche, ils ont fait le tour de la maison et orienté leurs regards vers le toit, ne voyant qu’une antenne parabolique. Quand ils sont passé de l’autre côté, cette antenne , un peu grosse et blanchâtre s’est mis à bouger et leurs yeux écarquillés ont reconnu …la tête d’une vache.

A l’intérieur de la maison la voisine et ses enfants, apeurés, voyaient du plâtre qui tombait et les bruits se faisaient plus insistants encore quand la vache essayait de se déplacer et de se mettre sur le fait du toit. Le risque qu’elle passe à travers le plafond n’étant pas exclu, tout le monde est sorti dans la nuit avec enfants et couvertures.

La vache est passé sur l’autre pente du toit et là le risque qu’elle tombe étant imminent tout le monde est rentré dans la maison.

Et la vache est tombée ! en tombant sur l’escalier de pierre elle a entraîné des tuiles qui ont endommagé la voiture…les gendarmes appelés à la rescousse ont cru à une blague de fêtards rentrant de discothèque.

Les pompiers, étonnés, ont envoyé deux des leurs, ont rappelé les gendarmes et joint le maire. Le propriétaire de la vache, d’abord incrédule, est venu avec son tracteur pour emporter cette bête de 400kg morte des suites de son envol de 9 mètres.

Le troupeau paissait à 1km de là, de l’autre côté de la route. Qu’est-ce qui a poussé cette vache à sortir de son enclos, qu’est-ce qui l’a propulsée de l’esplanade du bord de route sur le toit, quelque chose qui a du la rendre folle de terreur dans la nuit.


une autre histoire sur un toit qui finit mal
âmes sensibles et enfants s'abstenir



jeudi 28 mai 2015

lettre à Russel Banks



 
J’ai écrit cette note il y a plusieurs jours et je me trouve bien sévère aujourd’hui avec Russel Banks quand un intellectuel français publie « qui est charlie »… mais je n’ai aucune envie d’écrire à Emmanuel Todd.

Et cela fait partie de mon combat contre les ombres.

J’ai fait connaissance avec toi sous le règne de Bone et j’ai du bassiner pas mal de gens pour les inciter à lire ce livre dans lequel je trouvais extraordinaire que l’auteur se mette dans la peau d’un adolescent et que cela sonne si juste !

Dans ton dernier roman, un lointain souvenir de la peau, tu nous montres l’exclusion féroce de ces gamins pris dans la tourmente du sexuellement incorrect.

Et il y a eu de beaux lendemains et American darling dans lequel j’ai découvert un pays, le Libéria.

Le recueil de nouvelles, un ami permanent de la famille, ne m’a pas fait une grande impression.

Je n’aurais jamais imaginé t’écrire pour te parler de tes bouquins, encore moins que cela aurait un rapport avec charlie hebdo…

Donc tu fais partie de ces écrivains courageux qui défendent la liberté d’expression mais qui s’opposent à la décision du Pen Award d’octroyer ce prix à charlie-hebdo.

Tu copines avec des fleurons de la prose (Francine Prose) qui soupçonnent les journalistes de charlie d’être des néo-nazis.

Tu signes cette pétition rocambolesque, à savoir « il y a une différence entre soutenir une liberté d’expression qui va à l’encontre de l’acceptable et récompenser une telle liberté d’expression ». Et je ne m’étends pas sur le gloubi-boulga qui précède, l’humiliation, la souffrance d’une population marginalisée et rendue victime…

Bon on arrête la liste…mais toi qui connais au moins le pouvoir des mots et celui de la déferlante médiatique sur les réseaux sociaux tu aurais pu réfléchir davantage. Enseigner la littérature contemporaine à Princeton n’empêche pas de se documenter sur d’autres fonctionnements démocratiques que celui de son pays qui s’est fondé sur la liberté religieuse (nombreuses religions, certaines très minoritaires, émigrants persécutés en Europe…) et la France dont le fondement laïc s’est opposé à une religion très dominante, le catholicisme.

De ton côté de l’Atlantique il est interdit de se moquer de la religion de l’autre et de ce côté l’héritage de l’anti-cléricalisme s’étend à toutes les religions. Charlie-hebdo s’inscrit dans cette tradition démocratique, na !

Tu n’es pas seul dans ce marigot d’écrivains et journalistes qui se préoccupent si peu d’une culture différente de la leur, tu n’es pas le seul Américain, dès lors qu’il s’agit de religion, à perdre tout sens critique et à raisonner comme un tambour de manière binaire, le bien, le mal, le péché, la rédemption, le diable, le bon dieu… alors charlie-hebdo, que tu connais si peu, à part quelques couvertures, ce ne serait pas un peu le diable ?

Mais comme dit son rédacteur en chef, Gérard Biard :


« être choqué fait partie du débat démocratique. Pas être abattu »

vendredi 15 mai 2015

Métiers du monde

on commence en musique dans les rues d'Hanoï avec Papageno







salon de thé à 4950m au col de la Baralacha







il est bien frais mon serpent à rôtir ou à bouillir






ou préférez-vous le charme de celui-là?





les quatre barbus d'Amritsar sont prêts à vous enturbanner








dans la chaleur moite s'en vont un paysan malien 
 et ses vaches lentement dans le village africain

son fils saute comme une grande sauterelle, mais elle en vend, des bien grillées, devant un site mexicain...


le rouge et le gris chez le poissonnier
et d'autres couleurs pour les pêcheurs marseillais








  
                             


et la reine c'est toujours Maggi
qui trône sur les marchés du Mali
quel pays? c'est facile








 dans le même pays une défileuse de vers à soie



en Thaïlande ils sont aux petits soins pour leurs nombreux pets, ici une coiffeuse pour chiens







jour de moisson au Ladakh

des mains habiles
restauration de marbre en Thaïlande

      
sculpteur au Rajasthan


                                                              et le sourire du tailleur de Jaïpur
tisseuse de brocard Indonésie







 
 


ou syriennes
on peut rehausser le goût avec des épices  indiennes







et finir avec un bon café éthiopien







samedi 18 avril 2015

entre la poire et le fromage


Etre une bonne poire c’est une chose,

en savourer une c’est merveilleux.

Je m’extasie sur cette Doyenné du Comice qui n’a rien à envier à la duchesse d’Angoulême ou à celle de Bérère, une beaujolaise parfumée qu’on rencontrait autrefois dans nos contrées.

Il y en a qui sont Beurré et Hardy en plus

Que la petite Louise est Bonne!

L’Angelys avec sa robe brune s’étale sur les marchés d’hiver mais elle n’arrive pas à la cheville d’une Williams fondante, elle rappelle parfois cette passe-crassane passable et rugueuse dont on nous a gavés.

Quand la poire est dégueulasse elle le fait savoir rapidement, mais parfois on se laisse avoir par son bel aspect, et c’est à l’ouverture du fruit que l’on découvre cette masse brunâtre, ce morceau d’éponge.

Je suis un peu chochotte, je reproche à la Conférence son bout très effilé et difficile à éplucher.

Pour le dessert je ne dédaigne pas une Belle-Hélène.

Mais qu'est-ce qu'elle a ma pomme? Je n’aime pas qu’on se fiche de ma poire aurait dit Louis-Philippe à Daumier.

Les poires d’Angoisse, très mauvaises crues, sont paraît-il excellentes cuites.

En confiture elle se marie volontiers avec un peu de coing.

Garder une poire pour la soif pourquoi pas mais surtout de quoi se fendre la poire, on se souvient davantage de la réplique des guignols  Christine ! fais péter une petite poire !  que du vers de Victor Hugo en « réponse à un acte d’accusation » :


J’ai dit au long fruit d’or : Mais tu n’es qu’une poire !

dimanche 29 mars 2015

peinturer la girafe


Ça m’énarve ces petites tempêtes dans un verre d’eau à propos de n’importe quoi, et Machin écrit la ferme (je me censure!) sur son compte Twitter et Bidule répond la tienne avant la mienne sur facebook…
Une journaliste de ICI Radio Canada à propos du billet de Sophia Aram le 16 mars : « des Français rigolent de notre accent sous l’œil d’un immortel. Malaise et complaisance ». Pourtant son billet du 27 octobre, sur les djihadistes canadiens et leur mouvement « l’orignal circoncis » ne lui a pas attiré de fatwa et personne ne semblait prêter attention à l’accent…
C’est guère la peine de s’ostiner sur des trucs aussi niaiseux alors que nos cantons de l’ancienne France se rapprochent aujourd’hui de la peste brune.
Sur l’accent j’ai relativisé en Gaspésie quand je discutais avec une jeune femme dans un bar au petit-déjeuner. Quand sa copine l’a rejoint elle a lancé : « j’t’avais bien dit qu’ils étaient français, t'as vu l’accent qu’ils ont! ».
J’ai beaucoup plus de misère avec la bêtise, les menteries, j’ai entendu il y a quelques jours une journaliste de BFMTV justifier la frénésie d’audience du direct par le fait que les gens doivent savoir qu’ils risquent leur peau quand ils magasinent, quand ils vont au musée…devant leur télé... ils doivent avoir PEUR !
Alors je préfère chercher des correspondances qui m’amusent et m’enchantent.
Dans un livre de cuisine je m’émerveillais des mots gigolette et gibelotte. Ils ont tous deux un rapport avec le lapin et le deuxième a aussi un lien avec le Canada.
Son sens premier : ragoût de lapin au vin blanc.
Le second : soupe-repas à base de bouillon tomaté avec beaucoup de légumes avec ou sans poisson (perchaude ou barbotte, de l'entendre cela fait déjà saliver). Chaque été, à Sorel, le Festival de la gibelotte attire des milliers de touristes au Québec.


ça a l'air de goûter bien bon, meilleur que la poutine?
et la gélinotte! c'est aussi un breuvage à l'érable




mardi 17 février 2015

pour les Gavroches


Qu’elle est belle l’histoire d’un fan de Renaud
Presqu'aussi belle que celle de trois matelots!



Mon fils a été morgane du chanteur et amoureux de Paname avant l’âge de raison. Il a appris à lire dans la chambre de Germaine, a rigolé des aventures de Gérard Lambert, tatatin…, a commencé son éducation politique dans hexagone, l’a perfectionnée en recherchant son flingue, s’est ému avec Pierrot, a découvert la baston du dernier bal, la mélancolie de la vie qui pique les yeux, l’amitié de Manu, la rime poétique avec sa gonzesse, le verlan avec laisse béton, les bases de l’anglais avec une story d’amour, celles de l’allemand avec Greta, a fait des virées dans la tire à Dédé, a guinché le tango de Massy-Palaiseau au p’tit bal du sam’di soir et a mis les voiles dès que le vent soufflera tatata…


Certaines subtilités de langage lui ont échappé à l’époque où il les chantait
à tue-tête comme la môme du 8ème, le hasch, elle aime et la Pépette paniquée...


Une chanson de Renaud parfois injustement décriée, me rappelle-t-il, deuxième génération, donne une approche assez juste de la banlieue et des jeunes qui y vivent (plus que la  balourde analyse à la noix des bobos!), elle résonne peut-être encore plus fort aujourd’hui.


J'ai rien à gagner, rien à perdre
Même pas la vie
J'aime que la mort dans cette vie d'merde
J'aime c'qu'est cassé
J'aime c'qu'est détruit
J'aime surtout tout c'qui vous fait peur
La douleur et la nuit.




J’appréciais le chanteur et son humour bien avant cette déferlante mais si je connais plusieurs chansons par cœur c’est que nous avions droit au récital tous les longs et moins longs trajets en voiture.

Je l’avais vu en concert au début des années 80, heureusement je peux l’écouter encore grâce aux compiles que m’a fait mon fils, qui a embarqué tous mes vinyles.


Un soir de 2001 il m’a proposé de regarder les Victoires de la musique, une première pour moi.

Le désamour était amorcé depuis quelques temps, assorti d’une grosse déception à la sortie des derniers albums…cette passion avait duré presque 15 ans, il avait même réussi à faire aimer Renaud à des gens peu disposés à devenir membres de son fan club.



Renaud a chanté mistral gagnant
Mon fils a pleuré tout doucement...



jeudi 5 février 2015

Pourquoi les feuilles (des arbres) tombent ?


Pour que les enfants apprennent (toujours ?) des poésies sur l’automne[1]

Pour se laisser caresser par le vent[2]

Parce qu’elles tissent un tapis de sous-bois
qui crisse tout doucement sous les pas

Parce qu’elles tombent à pic

Pour que les peintres de l’hiver puissent faire du noir et blanc

Pour que le petit Poucet retrouve son chemin dans la forêt

Parce qu’elles redoutent la feuille blanche

Pour passer le temps
Parce qu'elles veulent rivaliser avec les citrouilles

Pour permettre aux enfants de faire des herbiers
Parce qu'elles ne veulent pas qu'automne rime avec monotone

Pour qu’on les ramasse à la pelle

Contre l’oubli

 




[1] En vrac, automne malade et adoré…, elle avait le cœur un peu serré, c’était la rentrée…, ah l’automne, l’automne a fait mourir l’été…


[2] le vent tourbillonnant, qui rabat les volets, là-bas tord la forêt comme une chevelure

samedi 10 janvier 2015

tontons Charlie


Je me souviens que l’enragé, qui a donné naissance à HARA-KIRI HEBDO, est né en 1968.

Je me souviens du grand Duduche et de son béguin pour la fille du proviseur.

Je me souviens que CHARLIE-HEBDO est né après un bal tragique.

Je me souviens qu’une amie avait écrit au professeur Choron suite à des écrits (je ne sais comment on les qualifierait aujourd’hui !) un peu provocateurs pour les femmes et qu’il lui avait répondu : « viens te faire sauter ma grande ! »

ma tasse athée
Je me souviens que hara-kiri et charlie m’ont définitivement guérie du militantisme de la bienséance et de la « penséance » à la place des autres.

Une autre amie m’a rappelé une connaissance commune qui travaillait à la Gueule ouverte et un week end en Ardèche sur l’école avec Cabu mais aussi Pierre Barouh qui faisait chavirer les cœurs des demoiselles

Je me souviens être allée écouter Font et Val dans un bled du Jura.

Je me souviens de la Jeanine de Reiser, de ses phantasmes et de son dernier voyage à la une de hara-kiri

Je me souviens d’une couverture sur la fête des mères

Je me souviens de la Paulette de Pichard et Wolinski

Je me souviens du je ne veux pas mourir idiot de Wolinski et de la préface de Siné.

Je me souviens de mes fils découvrant les premières pépites dans pilote.
Je me souviens de la méthode à Cabu pour apprendre à dessiner

Je constate que les sourires adoucissent ma peine quand je retrouve certains dessins


Je me souviendrai toujours de Charb, je regardais 28 minutes le vendredi pour lui. J'ai réalisé avec émotion qu’il me rappelait le grand Duduche des origines.

Une famille choisie, des gens qu’on ne voit pas souvent mais on sait qu’on les aime



Bien avant les caricatures des idoles ils avaient allumé cette lumière dans les ténèbres.

               Une lumière encore plus forte contre l’obscurantisme

                   Une fleur délicate et vivace comme l’utopie