Les lapins et les œufs de Pâques
c’est fini, quelques soldes dans les supermarchés mais il est une
expression, de plus en plus usitée, qui me rappelle le temps des cloches et du
chocolat, pas celui de la recherche enfantine.
Je l’ai encore entendue à midi
dans la bouche d’une journaliste de France Inter à propos de manifestants qui « dénoncent
la loi travail mais pas que… ».
Je vous rassure on ne saura rien
du reste, cette formule tic/toc est comme un clic/clac, elle ferme l’accès à la
pensée et ne donne même pas à son utilisateur feignasse le goût de développer l’argument
contradictoire qu’il promet dans sa syntaxe épurée. Cela sent son incompétence, mais pas seulement, cela frôle aussi la faute professionnelle.
Imaginons le désastre si l’épidémie
gagne du terrain :
littérature : Nabokov a
écrit Lolita mais pas que
cinéma : Rosalie
aime César mais pas que, et avé l’accent : Marius aime Fanny mais pas que
chez le médecin : vous avez une
angine mais pas que
Mistinguett : j’ai deux
amours, mon pays mais pas que…
au restaurant : vous avez du
tablier de sapeur, des rougets marinés mais pas que
brève de comptoir : c’est un homme
qui aime les femmes mais pas que
Jérôme Cahuzac: j'avais un compte en Suisse mais pas que
musique: dans cet orchestre il y a des cuivres, des cordes... mais pas que.
Jérôme Cahuzac: j'avais un compte en Suisse mais pas que
musique: dans cet orchestre il y a des cuivres, des cordes... mais pas que.
Ces trois petites notes peu
musicales révèlent une pauvreté langagière développée surtout chez ceux qui sont supposés
maîtriser la langue, une vacuité abyssale de l’élaboration de la pensée et un
mimétisme de cour de récréation.
Si on était dans le domaine de la
cuisine, je dirais pour paraphraser celui qui défendait la bonne bouffe « mais
c’est de la merde ! ».
Et faut-il le répéter à tous ces
fâcheux, comme le fait si bien Muriel Barbery dans l’élégance du hérisson, la
grammaire est « un accès à la structure et à la beauté de la langue ».
J’imagine le désarroi des journalistes
étrangers comprenant parfaitement le français recevant des dépêches de « mais pas
que », parfois on les trouve à l’écrit, isolés, prétendant former une phrase!
Pas besoin de science-fiction pour évoquer Orwell:
"Le but du novlangue était, non seulement de fournir un mode d'expression aux idées générales et aux habitudes mentales des dévots de l'angsoc, mais de rendre impossible tout autre mode de pensée".
Pas besoin de science-fiction pour évoquer Orwell:
"Le but du novlangue était, non seulement de fournir un mode d'expression aux idées générales et aux habitudes mentales des dévots de l'angsoc, mais de rendre impossible tout autre mode de pensée".
Un petit rappel de prof de
français d’un autre siècle, « ce qui se conçoit bien s’énonce clairement »
et quelques vers de Racine pour le plaisir et la musique avant toute chose…
Pour jamais ! Ah ! Seigneur,
songez-vous en vous-même
Combien ce mot cruel est affreux
quand on aime ?
Dans un mois, dans un an, comment
souffrirons-nous,
Seigneur, que tant de mers me
séparent de vous ?
Que le jour recommence et que le
jour finisse
Sans que jamais Titus puisse voir
Bérénice,
Sans que de tout le jour je
puisse voir Titus ?