jeudi 21 janvier 2016

Scout toujours


Après la parution du roman de Nelle Harper Lee, en 1960, du succès qui a suivi, prix Pulitzer en 1961, un film aux 3 oscars avec Grégory Peck sous les traits de l’avocat juste et justicier Atticus Finch[1], le roman en 2ème place aux Etats Unis après la Bible…ne tirez pas sur l’oiseau moqueur reste un livre emblématique qui capture cet instant où la nation s’est trouvée rassemblée dans un mouvement positif, l’essor du mouvement des droits civiques.

Puis l’auteur s’est tu, peut-être assommé par l’énorme succès de son œuvre, celui du film, les voyages de promotion et sûrement la question essentielle pour un écrivain adulé à ce point « comment puis-je publier autre chose et ne pas décevoir ? »
Ce silence a duré 55 ans et puis soudain le bruit et la rumeur !
Je passe vite sur les détails de ce feuilleton médiatisé, manuscrit écrit avant l’oiseau moqueur, refusé par l’éditrice Tay Hohoff en 1957 qui aurait recommandé de déplacer l’intrigue 20 ans plus tôt à l’époque de la Grande Dépression pendant l’enfance de l'héroïne.
Il a été présenté comme un événement planétaire, tiré à deux millions d’exemplaires, dans 70 pays et des librairies ont ouvert à minuit le 14 juillet pour satisfaire l’impatience des premiers lecteurs …

  Va et poste une sentinelle  se situe dans les années 50 et reprend certains personnages du premier, à savoir Atticus Finch, avocat éloquent et intègre qui avait été commis d'office dans la défense d’un homme noir injustement accusé du viol d’une femme blanche, tout cela raconté par sa fille, Scout, espiègle et observatrice de tout ce qui se passe dans ce deep south.
20 ans après, écrit 3 ans avant, vous suivez ? On retrouve Scout, maintenant Jean Louise, 26 ans, qui vit à New York et retourne quelques jours à Maycomb, Alabama.
Dans la maison familiale elle trouve parmi les journaux de son père un fascicule raciste "la peste noire" et apprend en même temps qu'il siège dans une association locale de défenseurs de la suprématie blanche.
Je n’irai pas plus loin dans la défloration du récit mais la réponse d’Oncle Jack, frère de son père, à sa nièce, qui lui dit avoir vu peu de couples mixtes à New York est intéressante : 
« Les suprémacistes sont des gens très malins, tu sais. Puisqu’ils ne parviennent pas à nous effrayer avec leur argument de base, celui de l’infériorité, ils enrobent leur discours d’une dimension sexuelle bien poisseuse, parce qu’ils savent très bien que c’est là le sujet principal qui remplit d’effroi nos âmes de fondamentalistes, par ici. Ils essaient de répandre la terreur dans le cœur des mères du Sud, de peur que leurs enfants, plus tard, ne tombent amoureux de Noirs. »

La dimension sexuelle était déjà bien tapie dans l’ombre de l’oiseau moqueur puisque le Noir accusé de viol s’était fait sauter dessus par une jeune blanche abusée et tabassée par son père…rajoutez la-dessus des factions baptistes, méthodistes, des laveurs de pied hostiles à toute forme de plaisir et il y a de quoi faire bouillir la marmite de l’Alabama dans les années 30.

Beaucoup de grumeaux nauséeux mijotent encore au fond de la casserole nationale, la ségrégation qui existait aussi dans le nord et peut-être de manière plus hypocrite s'est renforcée dans les villes et les écoles, l'acquittement de George Zimmerman a provoqué stupeur et indignation et le drapeau des confédérés flotte au fronton du Parlement d'un état du sud

Je ne peux m’empêcher de faire un rapprochement entre ces deux femmes, Nelle Harper Lee, née le 28 avril 1926 à Monroeville dans l’Alabama et Rosa Parks (Rosa Louise Mc Cauley Parks) née le 4 février 1913 à Tuskege, Alabamama[2].

La femme qui s’est tenue debout en restant assise, en refusant, il y a soixante ans, de céder sa place à un blanc et celle qui s’est glissée sous la plume d’une enfant des années trente avec finesse et drôlerie ont plus d’un point commun; si quelque mystère demeure lorsqu'elle dépeint son adieu à l'enfance qu’on ne tire pas sur Harper Lee !




[1] du silence et des ombres de Robert Mulligan
[2] Une petite note sur Rosa Parks. Douze ans avant l’épisode déclencheur de 1955, elle s’était fait virer d’un bus parce qu’elle n’avait pas utilisé la porte arrière, réservée aux noirs. Le chauffeur du bus lui a ordonné de redescendre pour entrer à nouveau par la porte idoine, il s’est mis dans une colère noire, dixit un commentaire du net car elle s’est assise un instant sur une place blanche pour récupérer son porte monnaie qui était tombé. Il a d’ailleurs redémarré avant qu’elle remonte, mais le plus génial dans l’histoire c’est que c’était le même chauffeur en 1943 et en 1955 et qu’il s’appelait James Blake, cela ne s’invente pas !

lundi 11 janvier 2016

Beau comme Bowie


Il y a vingt ans, non! trente ans! mauvais sang de Léos Carax m'en avait mis plein la vue et les oreilles avec modern love...

en prélude j'ai pas d'regrets de Serge Reggiani