C’est une
heure hésitante entre le jour qui décline et la nuit qui s’annonce, c’est le
nom d’un des plus vieux Guerlain que j’ai senti bien avant de savoir ce qu’était
le parfum car une pionne de mon lycée le portait. C’était une peau de
vache mais elle était belle et son sillage vanillé m’éblouissait.
Eblouissantes
aussi les déclinaisons de bleu, bleu céruléen, bleu outremer, bleu céladon (peut-être
davantage vert?), bleu saphir...
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avec un peu de rouge... |
Etonnant que
le steak saignant rouge soit bleu…
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chez Marie-Antoinette tout est bleu |
Le feuilleton
aristo du sang bleu a tenu plus de deux siècles, hommes et femmes faisaient en
sorte que leur peau soit la plus blanche et la plus fine possible, ils ne
connaissaient pas le dicton : qui voit ses veines…
En poésie
Paul Eluard affirme que la terre est bleue comme une orange et Arthur Rimbaud
colore la voyelle O en bleu.

Et
surtout il y a le bleu. Il faut venir jusqu’ici pour découvrir le bleu. Dans
les Balkans déjà, l’œil s’y prépare ; en Grèce, il domine mais il fait
l’important : un bleu agressif, remuant comme la mer, qui laisse encore
percer l’affirmation, les projets, une sorte d’intransigeance. Tandis
qu’ici ! Les portes des boutiques, les licous des chevaux, les bijoux de
quatre sous : partout cet inimitable bleu persan qui allège le cœur, qui
tient l’Iran à bout de bras, qui s’est éclairé et patiné avec le temps comme
s’éclaire la palette d’un grand peintre. Les yeux de lapis des statues
akkadiennes, le bleu royal des palais parthes, l’émail plus clair de la poterie
seldjoukide, celui des mosquées séfévides, et maintenant, ce bleu qui chante et
s’envole, à l’aise avec les ocres du sable, avec le doux vert poussiéreux des
feuillages, avec la neige, avec la nuit…