Le patron m’a demandé de classer
mes rapports, faut d’abord que je finisse celui de Mme B. Je ne peux pas dire
qu’elle m’ait spécialement donné du fil à retordre et pourtant je cale. Si je
comprenais pourquoi cela m’aiderait peut-être à le rédiger, voyons, récapitulons.
J’ai eu la consigne de filer Mme B. le 14 avril, une journée
de chiotte comme c’est la mode en ce moment, non seulement il pleuvait mais il
faisait un sacré froid à ne pas mettre un détective dehors.
Je devais poster devant son domicile
à 5h du matin; déjà furax, elle n’allait certainement pas quitter son pieu
avant 9h ; mauvaise déduction, la porte de l’immeuble s’est ouverte à 6h,
bien matinale pour une retraitée…Et là je l’ai eu dans l’os, elle se dirigeait
bien dans le parking mais pas vers sa voiture comme je m’y attendais ;
elle a ouvert une petite porte avec une clé : supposition, réaction,
elle allait prendre le bus, j’ai fait fissa pour contourner l’immeuble par
l’entrée principale et me pointer en haut du boulevard, l’arrêt après le sien.
J’avais quand même un doute qu’elle ait envisagé autre chose mais même si elle
avait pris la décision de descendre en ville à pied (étonnant avec cette aube
grise) elle ne serait pas partie dans cette direction. Tout ce galimatias ne
sera pas dans le rapport bien sur si j’arrive un jour à le finir…
Ouf elle était bien dans le bus quand je suis monté, je me
suis assis derrière elle ; à la gare je lui ai emboîté le pas car la foule
du petit matin affluait. Elle n’allait pas dans le centre d’échanges, elle
s’est dirigée d’un pas assuré vers les lignes européennes et quoi !
elle prenait le car pour Turin ! J’avais l’air fin. J’ai pu avoir un
billet auprès du chauffeur, je ne me suis pas assis derrière elle cette fois,
pas envie de maudire cette nuque pendant des heures.
Mais qu’est-ce qu’elle va foutre
à Turin, et moi donc ?
En plus j’étais affamé à
l’arrivée, pas le temps de m’acheter quelque chose, elle, elle avait du prévoir
sandwichs et boissons. Elle a opté d’abord pour une des grandes places de la
ville où se tenait un marché forain. Alors elle venait pour des fringues !
Heureusement elle portait une écharpe très voyante, je pouvais plus
facilement la repérer dans ce populo qui gesticulait et vociférait ; en
plus j’avais mal aux pieds n’ayant pas prévu des godasses tout terrain pour
marathon européen. Je pensais plutôt à une planque tranquille, un coin du feu
comme on dit dans la maison.


Quand elle est sortie du musée elle avait l’air un peu
fatiguée, moi j’aurais pu rentrer directement dans un sarcophage tellement
j’étais plombé…et ils n’auraient pas eu à me vider l’estomac pour m’embaumer,
y’avait rien dedans !
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lui était assis au moins |
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la preuve que j'étais en Italie... |
Elle a flâné encore un peu dans
la rue principale, regardé les boutiques, a acheté un panini et des
cigarettes et alla statione !
Une fois dans mon siège je me suis laissé
aller à dormir deux bonnes heures, c’est toujours ça de pris mais qu’on ne me
ressorte pas l’adage imbécile qui dort dîne...
A la gare elle s’est dirigée rapidement vers l’arrêt du 49. En montant dans le bus elle m'a jeté un regard mi-amusé, mi-étonné...c'était quand même une journée particulière!
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