samedi 20 septembre 2025

Redford le magnifique

 

Large audience sur France II mardi soir qui a programmé Out of Africa en réaction immédiate au décès de Robert Redford.

J’ai arrêté avant la fin, je n’avais pas envisagé de voir et revoir un film si long, mais peut-être le connaissant, et le film, et la fin, j’ai anticipé comme la fille d’une amie qui écoutait en boucle la chèvre de monsieur Seguin et qui stoppait le disque avant qu’elle soit mangée par le loup !

Meryl Streep a dit qu’ils ont dû faire plusieurs prises pour la scène du lavage des cheveux et que cela ne la dérangeait pas, au contraire, surtout que le choix de son partenaire a été de lui laver réellement les cheveux avec du shampoing...peut-être pas à chaque prise!

Cette scène a failli disparaître au montage, Sydney Pollack voulait la supprimer redoutant qu'elle soit perçue comme trop sentimentale!


 

Redford a tourné six autres films sous la direction de Sydney Pollack, j’aime beaucoup le premier, Propriété interdite, et la présence de Natalie Wood y est aussi pour quelque chose.

Plusieurs films ont été réalisés d’après Gatsby le magnifique de Fitzgerald. Le premier est un film muet, tourné peu après la parution du livre en 1926. Aucune copie n’a été retrouvée et le film est considéré comme perdu.

Robert Redford a été Jay Gatsby en 1974 au côté de Mia Farrow.

Des rôles très différents en 1975 avec le film d’espionnage (les trois jours du condor) et en 1976 avec le journalisme d’investigation (les hommes du président).

Il est resté dans le domaine du thriller politique dans Sous surveillance, son dernier film comme réalisateur (2012) où il met en lumière le Weather Underground et les parties de cache-cache de ses membres des décennies plus tard avec le FBI. Peu de films relatent cette période de l’histoire américaine. A bout de course (Sidney Lumet) tourné en 1988 raconte la fuite incessante d’un couple ayant appartenu au Weather Underground recherché par le FBI.

Sous surveillance commence avec l’arrestation de Sharon Solarz, jouée par Susan Sarandon et Julie Christie est l’autre figure féminine importante, deux actrices magnifiques !


 

 

dimanche 31 août 2025

Petite annonce

Fascination des pôles qui, depuis des millénaires, ont attiré navigateurs, aventuriers et scientifiques...

 Le pôle, l’axe du monde, qui me faisait rêver comme une pointe d’aimant sur le globe terrestre… Et bien davantage quand j’ai entendu parler de l’Antarctique et de la situation du pôle Sud 

 Recherche hommes pour voyages périlleux 

Petits gages 

Froid rigoureux

 Longs mois de totale obscurité

 Dangers permanents

 Retour incertain 

Honneur et reconnaissance en cas de succès

 annonce faite par Ernest Shackleton pour son expédition en Antarctique parue dans les journaux le 1er janvier 1914

             Il reçut 5000 réponses positives et retint la candidature de 56 hommes 

 

Bientôt nous plongerons dans les froides ténèbres;

Adieu, vive clarté de nos étés trop courts! 

Baudelaire 

 

samedi 26 juillet 2025

la vie de châteaux

 

Ce n’est pas l’ancêtre du capitaine Haddock qui a fait bâtir Cheverny, construit d’un seul jet de 1624 à 1634,  c’est le comte Hurault de Cheverny.


 

 


Dans le château de Brissac, le plus haut de France (48m) nous avons été charmées par le théâtre-opéra Belle Epoque et son atmosphère proustienne. La marquise de Brissac, mélomane et soprano, l’a fait construire à la fin du XIXème siècle, sa position sociale lui interdisait de se produire en public.

  

Une résonnance avec Proust ou plutôt avec Laure Murat et son livre Proust, roman familial ; dans la salle à manger du château de Serrant un menu du jour daté du 1er mai 1901 mentionnait en premiers invités le prince et la princesse Murat, certainement ses arrière grands parents.


Au Plessis-Bourré des comédiennes et des comédiens viennent à notre rencontre, ceux de Peau d’âne (le château bleu), du Bossu, de Fanfan la tulipe et plus récemment de la princesse de Montpensier, lieu très sollicité pour les tournages car il a subi peu de modifications extérieures depuis l’origine, 550 ans !


 

Le plafond de la salle des Gardes recèle des caissons étonnants (la majorité affiche une symbolique des alchimistes de l’époque) qui représentent des scènes proverbiales et sont d’esprit malin et hardi, grande hardiesse puisque les tableaux furent dissimulés au XVIIème siècle au regard des hôtes. 

Un coin lecture surprenant dans l'Abbaye de Fontevraud

Aliénor d'Aquitaine

Dans celui de Montreuil Bellay nous avons appris dans la cuisine médiévale l’origine du mot barbecue, embrocher de la volaille de la barbe au cul…pure fantaisie disent les linguistes, cela vient de l’hispano-américain barbacoa, d’un mot arawak désignant une claie en bois servant à rôtir ou fumer la viande. Dilemme historique !


Point de contestation pour le château d’Ussé qui aurait inspiré Charles Perrault pour la Belle au bois dormant et même Chateaubriand pour les Mémoires d’outre-tombe…


Du Bellay nous parle de la douceur angevine, Balzac de la Touraine avec la duchesse de Langeais et Alain Fournier d’un domaine mystérieux en Sologne.

Si la Sologne est traditionnellement liée aux secrets, au mystère…les ultra-riches l’ont colonisée et on chasse toute l’année sur des parcelles de terrain closes dans de grandes propriétés privées. Un de ces « Nouveaux seigneurs » (livre-enquête du journaliste Jean-Baptiste Forray) a défrayé la chronique cet été. Dans son domaine de 600ha monsieur Olivier Bouygues oeuvrait à la destruction d’espèces protégées, aigrettes, cormorans, buses, faucons crécerelles… depuis des années. Un charnier d’oiseaux a été découvert, une pelleteuse pour enterrer les cadavres, un système de primes pour encourager ces massacres…

Un château pas encore évoqué, celui de Chambord qui a lui aussi servi de décor au film Peau d’âne et quel décor ! celui du château rouge et son grand escalier dans lequel toutes les femmes du royaume se pressent pour essayer la bague trouvée par le prince dans le cake d’amour.


 

Le conte de Peau d’âne est difficile à croire

Mais tant que dans le monde on aura des enfants

Des mères et des mères-grands

On en gardera la mémoire 

Charles Perrault

 

jeudi 27 juin 2024

du côté des petites filles

 

Petite fille d’Afghanistan

déshonneur de tes parents

proclame la grand-mère paternelle

mocheté, petite visqueuse lui dit-elle

Pour toi le lait de ta mère se tarit!

Tu retournes dans ta nuit

Petite fille d’Afghanistan

 

Ce prologue est inspiré par une scène du documentaire de Solène Chiavon-Fioriti, Afghanes, diffusé sur France 5 dimanche 12 mars. Cette séquence dans une maternité dans laquelle une grand-mère injurie et honnit sa petite fille ne reflète peut-être pas ce qui se passe dans tout le pays, elle traduit cependant une réalité très inscrite en milieu rural, dominant. On voit plus loin une autre grand-mère paternelle hurler de joie et diffuser frénétiquement sur son portable la venue d’un garçon.

On peut se demander quel type d’homme est en devenir sous de tels auspices puisque le garçon apprendra dès la naissance qu’il est celui qui a le droit d’exister et qu’il a même tous les droits.

Et il sera nourri

Françoise Héritier, au Burkina Faso, a mis des années à se rendre compte que, quand les bébés réclamaient le sein, les mères le leur donnaient immédiatement s’il s’agissait d’un garçon mais faisaient attendre les filles.

Quand elle a posé la question on lui répondit que les garçons avaient le corps rouge et risquaient d’éclater de fureur si on ne les nourrissait pas tout de suite. Quant aux filles il fallait leur apprendre la frustration car en tant que femmes elles ne seraient « jamais satisfaites de toute leur vie ».

 « Vous créez de la sorte deux variétés humaines totalement différentes dans leurs attentes » nous dit Mona Cholet dans Réinventer l’amour en commentant ce passage et Françoise Héritier rajoute

-une variété qui attendra la satisfaction immédiate de tous ses besoins et de toutes ses pulsions

-l’autre qui sera destinée à attendre le bon vouloir de quelqu’un d’autre. "C’est un dressage extraordinaire. Et cela passe par l’alimentaire ».

Et cela se transmet d’abord par les femmes !

Et cela atteint des sommets dans la transmission punitive quand des femmes, en Egypte, en Indonésie, au Mali et dans d’autres pays d’Afrique, exigent de leur fille qu’elles subissent ce qu’elles ont subi, l’excision, ou pire encore l’excision totale, réclamée bien sûr par le mari surtout pour sa nouvelle épouse, plus jeune que la première et qui doit être mutilée pour être une vraie femme !

Je ne voulais pas voir le « film » les filles d’Olfa et finalement j’ai vu cette chose hybride docu/fiction/cinéma vérité…et je sais pourquoi j’avais des craintes. Olfa, sous prétexte de protéger ses filles, n’a fait que les rouer de coups et les anéantir par des mots assassins dès qu’elles manifestaient un désir de liberté.

Un petit tour en Inde ce pays qui fait tant rêver d’abord par le cinéma

Le film Water, sorti en 2006 et réalisé par Deepa Mehta, se déroule dans l’Inde coloniale de 1938. Son héroïne a sept ans, elle doit vivre avec d’autres veuves dans un « ashram », gynécée peuplé de femmes fantômes vêtues de blanc qui doivent mendier pour manger. L’une d’entre elles cherche à quitter l’ashram pour se marier et elle dresse contre elle l’ensemble de la maisonnée. Je crois avoir lu quand je l’ai vu que la réalisatrice avait dû le tourner au Pakistan.

Et les choses n’ont  changé pour les veuves que dans les grandes villes!

Les adeptes de Krishna sont nombreux, et nombreuses, à Vrindavan. C’est la résidence du dieu, ville aux palais en ruine, aux égouts à ciel ouvert et où vivent, ou plutôt survivent, des milliers de veuves.

Si je m’asseyais sous un arbre pour vous parler du triste sort des veuves de Vrindavan, dit Kamala Ghosh, une militante locale du droit des femmes, les feuilles de cet arbre tomberaient comme des larmes.

Elle doivent chanter pendant 4 heures des mantras à la dévotion de Krishna pour avoir droit à une tasse de riz et deux roupies, les gérants de certains ashrams ont coutume de prendre les jolies veuves adolescentes pour concubines ou de les vendre aux propriétaires terriens des environs qui les monnayent ensuite aux bordels de Delhi et de Bombay.



Le titre est celui d'un essai publié en 1973 par les Editions des femmes écrit par Elena Gianini Belotti qui montre de façon claire les racines de l'inégalité entre hommes et femmes et l'influence des conditionnements sociaux surtout du côté des petites filles occidentales...


"Qu'est-ce-qu'un garçon peut tirer de positif de l'arrogante présomption d'appartenir à une caste supérieure, du seul fait qu'il est né garçon? La mutilation qu'il subit est tout aussi catastrophique que celle de la petite fille persuadée de son infériorité du fait même d'appartenir au sexe féminin."