samedi 24 décembre 2011

Cadeau de Noël

Hier je suis allée au cinéma le matin, en plein centre ville, et après la séance[1] je suis rentrée chez Nature et découvertes, pensant à leur canapé dans la pièce du fond et leur boisson chaude. Plus de canapé et de réservoir à tisane, rentabilité oblige, et ce qui m’a frappée, avant de ressortir au plus vite de cette antre bondée, ce sont les attitudes et les regards de la plupart des clients, hagards, le regard vide (mais qu’est-ce que je peux bien lui acheter, bonsoir ?) ou avide à la recherche d’une trouvaille, d’une merdouille ; parfois un oeil s'illumine, il a trouvé son Graal…

Je me souviens, il y a quelques années, quand je prenais souvent le métro pour aller travailler, 2 ou 3 jours après Noël, j’avais entendu une jeune femme dire à sa copine « chui pas contente, j'l’aime pas le collier qu’il m’a offert », mais aucun présent, même le plus somptueux, ne nous fait redevenir des enfants et peut même raviver toutes sortes de frustrations .

Un petit avant-scriptum rajouté, je viens de voir le documentaire de Christian Rouaud, Tous au Larzac, c'est un cadeau merveilleux pour finir l'année sans morosité avec ces quelques paysans, élevant vaguement des brebis, dans des conditions moyennâgeuses (dixit un sous-Debré), bien loin de la vacuité et de la fièvre acheteuse.

Je transmets une partie du poème de Victor Hugo A ceux qu’on foule aux pieds  du recueil « l’année terrible » dédié aux Communards. Thierry Jonquet a emprunté le vers ils sont votre épouvante et vous êtes leur crainte pour le titre de son roman paru en 2006.

A l’aube de cette année 2012 on peut étendre ces vers hors de la banlieue, vers les aéroports par exemple, où ce peuple, qui parfois devient impopulaire,  doublement « sous-traité » et mal traité, nous rappelle que le salaire narcissique et la reconnaissance sont tout aussi importants que ce qui est inscrit sur la fiche de paie.
 
Victor Hugo a su faire parler la conscience de l'individu. avec ceux qu’on foule aux pieds il nous pointe une responsabilité collective devant laquelle il est plus difficile de se défiler.

Oh ! je suis avec vous ! j’ai cette sombre joie.
Ceux qu’on accable, ceux qu’on frappe et qu’on foudroie
M’attirent ; je me sens leur frère ; je défends
Terrassés ceux que j’ai combattus triomphants ;
Je veux, car ce qui fait la nuit sur tous m’éclaire,
Oublier leur injure, oublier leur colère,
Et de quels noms de haine ils m’appelaient entre eux.
Je n’ai plus d’ennemis quand ils sont malheureux.
Mais surtout c’est le peuple, attendant son salaire,
Le peuple, qui parfois devient impopulaire,
C’est lui, famille triste, hommes, femmes, enfants,
Droit, avenir, travaux, douleurs, que je défends ;
Je défends l’égaré, le faible, et cette foule
Qui, n’ayant jamais eu de point d’appui, s’écroule
Et tombe folle au fond des noirs événements ;

Etant les ignorants, ils sont les incléments ;
Hélas ! combien de temps faudra-t-il vous redire
À vous tous, que c’était à vous de les conduire,
Qu’il fallait leur donner leur part de la cité,
Que votre aveuglement produit leur cécité ;
D’une tutelle avare on recueille les suites,
Et le mal qu’ils vous font, c’est vous qui le leur fîtes.
Vous ne les avez pas guidés, pris par la main,
Et renseignés sur l’ombre et sur le vrai chemin ;
Vous les avez laissés en proie au labyrinthe.
Ils sont votre épouvante et vous êtes leur crainte
 ;
C’est qu’ils n’ont pas senti votre fraternité.
Ils errent ; l’instinct bon se nourrit de clarté ;
Ils n’ont rien dont leur âme obscure se repaisse ;
Ils cherchent des lueurs dans la nuit, plus épaisse
Et plus morne là-haut que les branches des bois ;
Pas un phare. A tâtons, en détresse, aux abois,
Comment peut-il penser celui qui ne peut vivre ?
En tournant dans un cercle horrible, on devient ivre ;
La misère, âpre roue, étourdit Ixion.
Et c’est pourquoi j’ai pris la résolution
De demander pour tous le pain et la lumière.




[1] Curiosité bien légitime, j’ai vu « A dangerous method » de David Cronenberg, bon film pas du tout caricatural comme pouvait le faire craindre la bande-annonce

mercredi 21 décembre 2011

L’autre maison

J’ai toujours été fascinée par l’imposture, pas tellement les escrocs usurpateurs, plus par ceux qui ont la sourde conviction d’être des intrus, d’occuper une place non légitime, de jouer un rôle social qui n’est pas le leur…

Les impostures commises par d’autres m’ont un peu sidérée quand elles se dévoilent après un début idyllique comme celui-ci.

La première fois que j’ai vu Céline et Julie vont en bateau de Jacques Rivette, lors de sa sortie à Paris,[1], j’ai été enchantée d’être emmenée sur ces rives joyeuses et joueuses, et j’ai surtout apprécié quand les deux nénettes sucent leur bonbon et se retrouvent rue du Nadir-aux- Pommes dans cette étrange maison avec des personnages inquiétants, trois adultes autour d’une fillette.

Plusieurs années après j’ai acheté un livre d’Henry James (éditions de la Différence, 1987),  il fallait découper les pages de cet ouvrage intitulé L’autre maison, je dévoilerai ici juste l’intrigue de départ : une jeune femme mourante fait jurer à son mari qu’il ne se remariera pas tant que leur fille sera vivante (Heny James c'est encore plus tordu que Perrault!).


Bien plus tard, je revois Céline et Julie à Lyon, seule, pour la troisième fois, et je m’apprête à savourer ma madeleine comme le bonbon des héroïnes. Très vite un sentiment de malaise s’insinue en moi, je trouve certains aspects pénibles, particulièrement la gouaille trop appuyée de Juliet Berto, la vulgarité de la scène du square… et surtout je réalise que tous les passages extraordinaires du Nadir-aux-Pommes sont littéralement le bouquin d’Henry James ; j’écarquille les yeux pendant le générique, nada, il a trouvé ça tout seul…je n’ai pas voulu en faire un fromage, j’étais surtout déçue, la nouvelle vague recelait aussi quelques écumes boueuses !

Depuis il a du reconnaître ses influences (Internet le grand inquisiteur ?) car j’ai lu dans une critique que le film s’inspire de deux bouquins d’Henry James, l’autre bouquin je ne vois pas bien comment, l’autre maison apporte déjà pas mal d’éléments substantiels…


N’empêche, je me souviendrai avec plaisir de la première vision de Céline et Julie, quand je ne savais rien, je ne vais plus voir les films de Rivette, mais n’avais-je pas tout abandonné me retrouvant dans un petit ciné (le cinématographe à Perrache) pendant près de cinq heures pour L’amour fou



[1] Je précise car le film projeté à Paris en 1974 n’est sorti que 18 mois plus tard à Lyon, je l’ai revu à ce moment là entraînant une flopée de gens dans mon enthousiasme juvénile et naïf.

jeudi 15 décembre 2011

Le cours de la cocotte

Je voulais changer de cocotte, non ce n’est pas une pièce de Feydeau, juste une casserole, mais si j’écris à son propos c’est parce que je suis tombée du placard quand j’ai vu le prix de ces ustensiles qui se dandinent comme des produits haut de gamme pour lesquels rien ne justifie qu’on casse sa tirelire…ça vaut certainement le coup de soulever un peu le couvercle. 


Je ne vais pas m’orienter pour autant vers un blog culinaire et comparatif, juste un mot sur les cocottes minute, elles aussi hors de prix, à mettre carrément la pression quand il s’agit de changer un joint ou une partie du couvercle…

Que nous cache cet objet réceptacle d’imaginaire, qui s’est transmis parfois à des générations de femmes, plus précieux que les recettes jalousement conservées, dans lequel cuisent à feu doux les bonnes vieilles tambouilles du terroir, aux effluves passéistes, épicées de nostalgie (c’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes etc.…) ?

La vulgaire cocotte, toute simple, sans pedigree, est introuvable et celle des grands magasins a aussi vu sa cote grimper[1].

La moyenne cocotte, on va dire la bourgeoise, la Creuset ou la Cousances, n’est pas si géniale que ça car elle ne « saisit » pas (grand chose, en tout cas pas la mienne) ; à propos de bourgeoises c’étaient plutôt les cuisinières qui passaient des heures devant les fourneaux, pas les maîtresses de maison.

La cocotte Staub, la noble, le luxe, peut-être pour les grands amoureux de la cuisine et les snobs qui se prennent pour des restaurateurs… elle se la joue vraie de vraie à l’ancienne, moulée à la louche, noire, émaillée ou pas je n’en sais rien, je pencherai pour émaillée qui fait semblant de ne pas l’être.


Ses copines de classe : la bassine à confitures et les casseroles en cuivre, la poêle en fonte lourde, très lourde…plus c’est lourd meilleur c’est[2].


Elle exhale un fumet de nourriture d’antan,
elle défie les modes et les outrages du temps,
elle nous mijote des plats aux petits ognons,
des dindes rôties truffées de douces illusions…


Si vous mettez dans ce vase sacré       
une jardinière de légumes surgelée,
le contenant vous protège et vous absout,
vous n’avez pas pris un quelconque faitout…



[1] on voit plein d’idées cadeaux « cocottes » et le comble du ridicule ce sont de minuscules cocottes pour aller se faire cuire un œuf par exemple…
[2] comme certains livres de cuisine qui s’apparentent à des livres d’art (ou du cochon, ouh que c’est mauvais…)

mardi 6 décembre 2011

Pour chasser le blues

J’ai vu Sita chante le blues dans le petit cinéma de la Duchère, ravie de la projection surprise ce soir là. Il était sorti quelques mois auparavant à Lyon, resté à l'affiche une semaine ou deux en août 2009. 


Je l’ai revu en DVD et l’interview de Nina Paley m’a fait découvrir deux choses, les ennuis qu’elle a eus pour les droits d’auteurs des chansons qui ont plus de 80 ans (en fait pour les arrangements musicaux ), et les menaces des intégristes hindouistes parce qu’elle ose toucher au Râmâyana.



Dans ce film animé, monté et produit par elle, Nina Paley mêle plusieurs niveaux de récits, son histoire, un épisode du Râmâyana, en parallèle avec des séquences chantées par Annette Hanshaw, trois marionnettes du théâtre d’ombre commentent les déboires de Sita[1], le tout agrémenté de chorégraphies pleines d’humour entre le kitsch indien Bollywood et le swing jazzy des années trente.




Elle a obtenu un rabais pour les droits d’auteurs des chansons et la mise en ligne gratuite de son film début 2009, faisant le pari que les gens iraient le voir au cinéma, le diffuseraient… a été gagnante . Elle a reçu entre autres le Cristal du long métrage au festival d’Annecy en juin 2008.


J’étais très contente que la bibliothèque où je vais le plus souvent l’ait acheté parmi les premiers DVD de fiction qu’ils proposent.


Rien de tel qu’un aperçu alléchant, véritable feu d'artifice, pour donner des envies.







[1] Epouse dévouée, soumise, Shah Sita a été  répudiée par son mari Sanyal Rama, grande figure de la mythologie indienne, mais un peu lent de la comprenette. 

lundi 21 novembre 2011

Belles pères...



Il était une fois un poète cinéaste qui mettait des bras aux chandeliers, faisait suivre les statues du regard, et m’avait flanqué une sacrée trouille quand le père cueille la rose pour sa fille Belle et que la Bête apparaît…


Dans une célèbre adaptation d’un conte de Perrault, Jacques Demy a mis de la couleur et quelles couleurs  sur les robes épreuves demandées par la princesse, qui n’a pas de nom, hormis celui de son père qui veut l’épouser. Au départ il y a quand même le vœu de la reine, qui exige que le roi ne se remarie qu’avec une femme plus belle qu’elle… ; sous-entendu il n’en trouvera pas et bien sur elle ne peut imaginer une seconde que sa fille la supplante par sa beauté (le complexe de Blanche-Neige c’est la belle-mère dans les contes !).




Si j’aime dans le premier les langueurs et les mystères de la mise en scène, les drapés qui s’enroulent comme des fantômes dans les couloirs… j’apprécie dans le second la légèreté et les décalages opérés par Demy. Le lien entre les deux n’est pas seulement la présence de Jean Marais, il s’agit d’amour (Amour, amour, je t’aime tant !!!!!!!!!!!!!) entre une fille et son père dans le premier et un père et sa fille dans le second (légère nuance quoique…), dans la B et la B cette fille si bonne est parfois agaçante d’humilité, d’ailleurs ses sœurs lui font remarquer que si elle n’avait pas demandé seulement une rose hein ?… . Chez Demy la fée des lilas doit insister pas mal pour que l’héroïne se dérobe aux assauts paternels; lors des retrouvailles finales, just married ou sur le point de convoler avec le roi, elle lui dit de faire bonne figure alors que son père lui glisse à l’oreille  ma chère fille nous ne nous quitterons plus comme si le grand mariage de happy end n’était que pure convenance, équivoque tout cela équivoque…








Dans les familles du fol amour je tirerai pour la fin la carte du père Goriot, aucune adaptation cinématographique n’égalerait il me semble la force du livre, diamant brut de douleur, difficile à transposer  : Goriot agonisant, père pélican aux entrailles vidées, espère jusqu’à son dernier souffle la visite de ses filles auxquelles il croit pouvoir donner encore. Là aussi il est question de robes « Oh ! les voir, je vais les voir. Je mourrai heureux…mais les voir, toucher leurs robes, ah ! rien que leurs robes,… ». Comme dirait Jacqouille il a sacrément failli au NON du père !


vendredi 18 novembre 2011

Escales littéraires

Les carnets de route de François Busnel nous ont emmenés à New York un jeudi soir chez Paul Auster, Colum McCann, Toni Morrison, Jonathan Franzen (chic, un auteur à découvrir !), Jay McInnerney, Rick Moody, qui a répondu à la question de Busnel sur l’enseignement de l’écriture…(posée avec une légère connotation négative, enfin, peut-on enseigner l’écriture ?) « oui, vous les Français, c’est l’inspiration qui prime, essayez d’écrire l’entretien que nous avons sans adjectifs…il y a le travail et si l’inspiration vient…tant mieux ! »


Rhode-Island  la maison de Gatsby?
Face à eux, François Busnel posait peu de questions, toujours ouvertes, et hier au soir, deuxième série de ce périple américain, c’était la Nouvelle Angleterre avec des écrivains qui avaient pour point commun de vivre dans des endroits et des maisons magnifiques (je ne sais pas comment je ferai sans adjectifs…), ah le jardin de Peter Matthiessen, il me semble que l’inspiration viendrait toute seule dans un tel lieu.


Pour continuer sur des rivages sereins je suggère le grand entretien sur France Inter entre François Busnel (eh oui encore lui !) et Emmanuel Carrère: un pur moment de bonheur, ils parlent lentement, s’écoutent, celui qui pose des questions ne donne pas les réponses. Emmanuel Carrère ne se fait pas l’apôtre d’une cause toujours, il fait part de ses doutes d’homme et d’écrivain, de son ambivalence pour son héros, Limonov.


Et toujours dans le registre de l’agréable, pourquoi se faire du mal… je vous propose d’ouvrir le livre de Siri Hustevdt (c’est la compagne d’un écrivain mentionné ici, mais je la préfère et de loin nananin…) un été sans les hommes. Je ne vais point vous le narrer, ce serait pécher, mais tenter de vous transmettre le plaisir que j’ai eu à le lire… petit aperçu du contexte, une femme d'une cinquantaine d'années, poétesse, est « pausée » par son mari, qui s’en va pour un temps indéterminé avec une autre de 20 ans de moins qu’elle ! La narratrice appelle sa rivale la Pause, rien que ce petit détail est savoureux.  Elle va côtoyer pendant l’été les femmes âgées de la bande de sa mère et des adolescentes dans un atelier d’écriture, on rit, on jubile parfois, l’ensemble est exquis [1] et plus doux qu’amer[2].



[1] je trouve cet adjectif un peu cul-cul mais je ne sais pas quoi mettre à la place, je ferais bien de m’inscrire à un atelier d’écriture avec Rick Moody…si ça le tente pas de problème…
[2] doukamer ? ça ferait pas un bel adjectif ?

lundi 14 novembre 2011

Etalage


Elles sont toutes là, rangées, pas trop serrées, l’une chevauchant parfois l’autre, mais toujours elles font la paire : foncées, claires et rouges elles étalent leur vie secrète, leur fêlure, comme celle dont le talon gauche s’use toujours au même endroit, et cette autre, dorée, qui a l’air de vous snober car elle sort les grands soirs et rentre au petit matin…

Celle-ci est sage, un peu plate, elle pourrait passer inaperçue, elle sent la jupe de lainage et le pull en cachemire, sa peau caramel est douce et elle a du style derrière sa réserve…

Les baskets sont immaculés, ils ont peu servi ou ils ne connaissent que la salle de gym aseptisée…

En voici une dévastée, ravagée, qui accuse l’usure du temps mais évoque les fastes d’un passé riche, sensuel et provoque encore du haut de son petit 37 affaissé.

Les ballerines vichy ont du relayer les talonnées sur les parquets cirés ou non.

Les bottines en caoutchouc ont sûrement fait des rencontres dans les petits chemins sous un coin de parapluie.


Ah et cette nature lestement débridée, juchée sur de très hauts talons, et toute la volupté d’un entrelacs de petites lanières de cuir noir dont la vue seule suffit à vous donner une folle envie,  petit cordonnier, de faire danser la belle toute la nuit!

mardi 8 novembre 2011

Tendancieuses critiques

Deux films à l’affiche sur le politique sont sortis la même semaine, l’un, français, nous parle de l’exercice de l’Etat, l’autre, américain, des marches du pouvoir. Le petit bonhomme de Télérama est hilare pour le premier, et OK c’est un très bon film avec Olivier Gourmet, grand acteur.
Pour le second le bonhomme fait un peu la moue, c’est pas mal, d’après leurs critères…et ce qui m’intéresse ici c’est le ton employé par les deux critiques.

L’exercice de l’état : phrases courtes, impératives (Regardez le ministre des transports. Il se bat pour un gros dossier…) qui racontent le film comme si on était trop cruchon pour le découvrir tout seul et se terminent en beauté : ce film là manquait. Il nous comble.

Les marches du pouvoir : classique mais efficace ou comment descendre un film sans en dire vraiment du mal. J’ajoute que le film de Clooney est aussi bien que l’autre, affûté et passionnant, mais là il est d’emblée catalogué, actualité brûlante ? non car sans âge (mais le film est d’actualité quand il rejoint les déçus du président en exercice), d’un classicisme discret, ce qui n’est visiblement pas une qualité, et diffuse une impression de déjà-vu, et pire son pedigree, appartenance à la tradition hollywoodienne de l’adaptation théâtrale hyper dialoguée…ça c’est uniquement l’intro, de longues phrases, et tout au long une condescendance peut-être jalouse envers George Clooney ?, les Américains ? les beaux mecs ?…et même un ton chochotte outré quand il espère que l’auteur de la pièce a inventé au moins une partie des turpitudes racontées !

Je n’ai pas encore lu la moindre critique sur Toutes nos envies  qui sort demain, mais j’ai entendu et vu pas mal le réalisateur, les acteurs (ils sont partout)…je doute d’ailleurs qu’il y ait des critiques négatives tellement ce film est encensé, ah ces deux juges, comme ils sont merveilleux, en plus le temps leur est compté….ah mais quand on aime on ne compte pas, et puis l’émotion et le cinéma français c’est un grand amour, on s’en fout si ça dégouline, il va détrôner Intouchables, de toute façon une émotion en chasse une autre, comme une info et toutes nos pensées… Je préfère Vincent Lindon en homme acteur premier ministre dans l’excellent film d'Alain Cavalier (Pater) qu’en maître-nageur sauveur et en juge pourfendeur. Entendre que Marie Gillain s’est battue pour avoir le rôle donne la mesure de l’avidité qui règne aussi dans les coulisses du film dit social, sociétal ou socio-lacrymal.

Ce matin la journaliste de FI disait en parlant de l’impossibilité pour les deux héros d’avoir une relation amoureuse : « y’a pas photo, ils sont pris tous les deux » quelle grâce, quel style, mais enfin Emmanuel qu’est ce qui t’a pris de confier les droits de ton livre, dans lequel l’écriture pouvait mettre à distance l’intime et l’émotion, à un fabricant de guimauves ?[1]



[1] Si je vais voir le film et que je le trouve bon je ferai mon mea culpa

vendredi 4 novembre 2011

Una storia di amor

Après l'Angleterre j’annonçais pronto un détour par l’Italie…la bella, molto bella, la piu bella, bellissima… et puis les superlatifs c’est un peu lassant et je n’étais guère inspirée.
Avec la lande désolée des Brontë, les verts cottages du Kent et les saisons à Londres, c’est le thème qui revient le plus souvent dans les romans anglais du XIXème siècle.



da Giovanni une bonne adresse à Rome
La première chose qui m’a frappée, dans le nord de l’Italie, c’est l’assurance et le naturel des femmes qui entraient le matin dans les cafés, seules, et savouraient, souvent debout, leur cappucino en fumant une cigarette. Je ne voyais pas la même chose à Lyon et on était loin du cliché de la mamma enfermée à la casa ; vous savez que vous êtes en Italie au mètre près, par exemple une marche au col du Lombard, vous posez le pied côté italien, le café est tout de suite délicieux, et vous assistez même à  un pique-nique, pèlerinage joyeux où on ne sert pas du vin de messe …

Un ange des ténèbres sur son pont
Je suis allée trois fois seule en Italie, une semaine à Venise, et si j’ai apprécié de voir à mon rythme les églises, les musées, pouvoir faire des aller/retour sur le Grand Canal, ce n’était pas particulièrement agréable de découvrir que la chambre retenue était un placard et les seules rencontres intéressantes ont été faites lors du voyage en train. A l’aller j’ai rencontré une nana dégourdie (pas comme moi), qui n’avait rien réservé, a trouvé un hôtel super à côté du Rialto ; au retour je me suis retrouvée après la frontière seule avec un bel homme, très élégant (ses chaussettes devaient valoir plus cher que tout ce que je portais…), qui n’avait pas daigné me jeter un regard, il lisait le bouquin d’Hervé Guibert « A l’ami qui ne m’a pas sauvé la vie », mais même sans ce livre, il était clair qu’il était gay. Et puis nous avons parlé toute la nuit, il était passionnant, critique d’art à l’origine, il avait voulu se lancer et mettait en place des expositions.
au frais contre un pilier de Saint Pierre
Une semaine à Florence, une chaleur d’enfer, des hordes de touristes en juin, des fresques invisibles à cause des perturbations horaires (la chiesa è sempre chiusa  argh…damned…), une queue de trois km aux Offices ;  idem, aucune rencontre, sauf dans le train, où j’ai fait la connaissance de l’actrice qui jouait dans le film de Chris Marker Level five  qu’elle allait présenter dans un festival…

La semaine en Sicile a été plus sympa, Palerme seule, c’est un délice, j’ai fait plusieurs excursions, et, à la différence des Italiens du nord, les Siciliens vous parlent ; bon ils croient que vous comprenez, ça c’est autre chose, mais vous n’avez pas l’impression d’être cette chose transparente qui n’est là que pour commander ou acheter quelque chose…

On l’aura compris l’Italie ne souffre pas la solitude… ni la touriste qui compte ses sous !

Crémone
duomo  Orvieto
Mes villes préférées (en dehors de la trilogie Rome, Florence, Venise), Orvieto, Lucques, Urbino, Mantoue, Torno (une piccolissima au bord du lac de Côme), Crémone…, les cinque terre et la meravigliosa Sienne. Venise, j’ai eu une crise de désamour en mars 2002, juste après le passage à l’euro, c’était dégoûtant et révoltant, une fabrique d’arnaque au touriste phénoménale… Je fais toujours un peu la gueule et n’y suis pas retournée mais cela ne saurait tarder…


Vulcano
En Sicile j’ai été stupéfaite de découvrir des villes entièrement baroques comme Noto (construites ou reconstruites après le tremblement de terre au XVIIIème siècle). 



Je ne résiste pas au plaisir de transcrire une soirée de Dumas à l’opéra de Florence, pour la première de Pia de Tolomei (un épisode très court, 7 vers, dans la Divine Comédie). Ses récits de voyage se parent de son goût pour le vivant, l’intrigue, les femmes… il a été viré manu militari des Etats pontificaux,  il a eu une liaison avec une célèbre cantatrice hongroise qui débuta lors d’une tempête sur le bateau qu’il avait loué (pour faire le tour de la Sicile) pendant que le fiancé de la diva était prostré sur le pont par le mal de mer…

« Il est impossible de faire preuve de patience plus longue et plus bienveillante, de saisir avec plus d’empressement tout ce qui pouvait consoler la pauvre Pia des douleurs que lui faisait souffrir son mari ;…, enfin lorsqu’il n’y eut plus aucun espoir de trouver un éclair de talent, lorsqu’on eut attendu un acte et demi pour saisir une intention musicale ou dramatique, et qu’on vit qu’il n’y avait plus rien à espérer ni d’un côté ni de l’autre, les conversations particulières commencèrent à s’établir, et les visites à se faire. On se promena bras dessus bras dessous comme on aurait pu le faire à la Bourse ; mais tout cela sans un sifflet, sans un murmure….Bientôt ce qui se passait sur le théâtre devenu tout à fait indifférent au parterre, les acteurs continuèrent de chanter pour l’acquis de leur conscience, et les spectateurs cessèrent complètement d’écouter par intérêt pour leurs oreilles, et peut-être la pièce eût-elle été jusqu’au bout sans l’imprudence du poète qui avait mis parmi les siens un vers de Dante.
Ricordati di me che son la Pia (souviens toi de moi qui suis la Pia).
C’était le refrain d’une cavatine chantée par la prima donna : cette espèce d’hommage à Dante, accompagné d’un air moins médiocre que les autres, rendit tout à coup au public son attention ; il se retourna, écouta avec bienveillance le premier couplet, avec complaisance le second, mais à la fin du troisième, et lorsque la Caroblei eût achevé le vers sacramentel : Ricordati di me che son la Pia
Un des spectateurs, profitant du silence, chanta sur le même air et sur le même ton :
Ricordati di noi qu’andiammo via (souviens-toi de nous qui nous en allons)
prit son chapeau, sa canne, et sortit ; ce fut un signal pour toute la salle, et chacun le suivit répétant la plus bouffonne parodie d’un des vers les plus mélancoliques de Dante. » [1]

J’aime croire que ce qui a scellé un amour si profond ce sont les larmes que j’ai versées, plusieurs fois,  car le film passait souvent quand j’étais piccola, sur Gelsomina et sa bouille d’artichaut…






[1] Alexandre Dumas Une aventure d’amour

lundi 24 octobre 2011

L’été qui a fait des vagues

Cet été là les trois enfants avaient animé, à leur façon, ce village un peu assoupi.
Jules et Romain étaient heureux de se retrouver et fiers de leurs débuts de collégiens.
Elisa, naguère élément modérateur de ce trio de voisinage, à l’aube d’une adolescence qui épargnait encore les garçons, sentait mille feux en elle et ne jouerait certainement pas les douces fées. 

En toile de fond, les parents, bien que présents, étaient par trop préoccupés par leurs problèmes intimes, crise de la quarantaine, miroir mon beau miroir…, pour prêter attention à cette petite bande de déracinés qui avait soif d’aventures et d’émotions fortes.

On a pu faire des recoupements, ensuite, il semblerait que les choses aient commencé à se gâter après le 14 juillet.

L’attention générale s’était relâchée, le père de Jules était parti, travailler disaient certains, rejoindre sa maîtresse, disaient les autres…
La mère d’Elisa restait prostrée dans sa chambre et ne sortait que pour acheter des cigarettes.

Le paradoxe, c’est que les grands-parents étaient plus soucieux de leurs rejetons que de leurs petits enfants…on ne dira jamais assez que les vacances en famille favorisent la régression…peut-être la boisson…car ce sont les enfants qui trinquent !

Mais bon sang de bois nous étions dans une île, et ces gosses, même s’ils venaient tous les étés, n’étaient pas aguerris aux dangers qui menacent les insulaires !

La première grosse connerie connue c’était de partir en mer, tous les trois, dans le petit voilier du père de Romain. Même si cela s’est bien terminé, on aurait pu leur parler à ces enfants, les rassurer, je ne sais pas…leur dire qu’on ne les aimait pas plus ou moins à l’aune de leurs exploits.

La deuxième n’est pas publique  et heureusement car ils ont failli détruire tous les parcs à huîtres du Port du Bec. Et là basta la non ingérence, je suis sorti de ma réserve comme on dit, je suis allé les voir, je les ai appelés Margot et tout ce qu’on veut mais c’est comme si j’avais fait dans un violon vous comprenez, et puis ce n’est pas moi qu’ils attendaient pour la sérénade.

On arrive à ce jour fatidique du 28 juillet, ils avaient l’habitude de la prendre cette petite route qui relie la terre à l’île en quelques kilomètres, à marée basse !
Même les automobilistes du coin savent qu’il faut faire vite, ne pas attendre le dernier moment, car la panne sèche (un comble avec tant de flotte !) vous fait vite regretter de n’avoir pas fait le détour par le pont de Noirmoutier.

Ils avaient leur vélo, faisaient des aller-retour 
sur la route, un jeu qui devenait stupide et dangereux, la mer commençait déjà à tout recouvrir, pas à petites doses mais bien au galop comme la légitime qu’elle était ; les gamins ont du se dire « allez, on tente encore un coup, on ira plus vite que la marée » mais ces jeunes fous avaient oublié que des roues de bicyclette sur l’eau qui dévale à cette vitesse eh bien ça dérape, que la peur fait perdre le peu de moyens qui restent, qu’ils ne voyaient plus autour d’eux que ces flots tumultueux animés d’un courant puissant et destructeur, qu’ils se sentaient perdus ; les deux garçons ne frimaient plus, les pleurs leur brouillaient la vue…Ils ont du leur salut à Elisa, la peur de la mort a du lui réveiller les sens, en tout cas la mémoire, bonne fée quand même, elle s’est souvenue des balises, a hurlé de lâcher les vélos, dare-dare, et de se précipiter sur la plus haute plate-forme, qui heureusement n’était pas loin….et bien sur à la patrouille des sapeurs pompiers alertée par le père Mathieu qui les avait vus s’engouffrer sur la route dans l’après-midi.

Les esprits se sont calmés, les parents rabibochés on ne sait ? mais lors de la grande marée d’équinoxe, en septembre, tout le village parlait de ces mômes inconscients et de leurs parents davantage encore ; même les grands parents, pourtant natifs de l’île (mais ils l’avaient quittée!), étaient de la fête, et il est sur que cela fournirait du combustible pour tout l’hiver…le chauffage au ragot y’a pas mieux pour le fourneau !



petit texte de fiction ayant pour consigne : 3 enfants, leurs prénoms, ce qui les lie, 3 bêtises


   

mercredi 19 octobre 2011

Trois sœurs made in USA

L'aura de Gene Tierney...
Avec la caméra qui peut remonter le temps, comme la mémoire, je zoomerai sur Gene Tierney, qui m’a absolument ravie dans Laura et surtout Péché mortel, dans lequel je l’ai découverte. Première scène du film, son visage est caché par le livre qu’elle lit, quand elle le baisse, j’ai poussé une exclamation qui a fait rire le spectateur derrière mon siège… En plus ce film a du échapper à la censure pourtant vigilante de l’époque car elle commet des actes que je ne saurais dévoiler ici par égard pour ceux qui voudraient pécher…J’ai eu une période, bien après l’adolescence, où j’étais vraiment fan. 

Une autre que j’ai peu vue, avec un prénom français joliment désuet, un regard troublant, Madeleine Stowe, aux côtés de Daniel Day Lewis dans Le dernier des Mohicans  et de Bruce Willis dans L’armée des 12 singes . Télérama titrait il y a quelques années qu’elle n’était plus…j’ai cru qu’elle était morte, non ils voulaient dire « plus la même » car elle s’était fait « retaper, refaire, lifter… », je n’ai pas pu me faire une idée, ne l’ayant pas vue récemment dans un film, et pour cause, mais d’après les photos elle a certainement perdu des rides mais aussi du charme, et Hollywood l’a quand même laissée choir, comme d’autres, je pense à Geena Davis, voluptueuse Thelma

 
The end avec Faye Dunaway dans le film de Jerry Schatzberg, Portrait d’une enfant déchue, film sorti brièvement en 1970, qui non seulement n’a pas pris une ride, mais resplendit avec une grâce à faire pâlir encore plus blancs les fadasses navets trop souvent servis le mercredi. Là je parle plus du film que de l’actrice, fantastique dans ce rôle de mannequin, qui a par ailleurs une filmographie imposante mais ne m’a jamais fait rêver comme les précédentes.



Puisqu’on en est aux confidences oniriques si je devais citer des acteurs une mention pour Garry Cooper jeune (gare, gare, gare, Gary Cooper s’approche du ravin d’enfer…) et Sean Connery même vieux!

 
 

mardi 18 octobre 2011

Maron

C’est l’anagramme de roman, ici il sert plus modestement une tentative d’écriture sur l’automne ...
C’est aussi une couleur chaude, avec deux r qui roulent de la « terre de Sienne » à la « terre d’ombre », naturelle ou brûlée.

C’est la splendeur de l’automne flamboyant, la période où les couleurs sont les plus belles, avec des dominantes de jaune et quelques rouges, qui vont du vermillon de certains arbustes à la pourpre alizarine de la vigne vierge...
le même arbre sous toutes ses couleurs

L’automne, cela évoque souvent les souvenirs, peut-être parce que c’est la saison des rituels, des reprises, des rentrées, du recommencement... c’est la saison qui s’approche de la mort et qui en même temps la nie superbement, il y a loin des érables flamboyants aux petits troncs rabougris tremblant dans la neige et le brouillard d’hiver.

« Voilà les feuilles sans sève
Qui tombent sur le gazon,
Voilà le vent qui s’élève
Et gémit dans le vallon...
C’est la saison où tout tombe
Aux coups redoublés des vents ;
Un vent qui vient de la tombe
Moissonne aussi les vivants... »
Ce poème de Lamartine doucement chanté par Brassens se nomme « Pensée des morts ».

C’est le moment où affleurent, à la Pérec, le plus de « Je me souviens... ».
Je me souviens de quelques bribes de poésies sur l’automne :
« Automne malade et adoré... »
« Elle avait le cœur un peu serré, c’était la rentrée !... »
et surtout celle d’Apollinaire, que j’ai apprise plus tard, comme un défi à la perte progressive de la mémoire (ce qui n’a pas été appris par cœur avant 20 ans ne se retient pas bla-bla-bla), et aussi parce que ce poème est à l’opposé de ce que j’apprenais lors de mes rentrées automnales.

« Dans le brouillard s’en vont un paysan cagneux
Et son bœuf lentement dans le brouillard d’automne
Qui cache les hameaux tristes et vergogneux... »

Je me souviens des promenades dans les forêts et des bogues de châtaignes qui craquent sous les pas, tout un concentré de choses vues ou reconstituées dans un kaléidoscope de couleurs où la lumière n’est pas trop vive, comme en été, et appose une empreinte de douceur sur tout ce qu’elle touche.

Les analogies se ramassent à la pelle, comme les feuilles mortes, et la petite madeleine ne peut se suffire d’une tasse de thé, c’est plutôt l’infusion d’une tonne de feuilles et autres humus coagulés comme ce thé chinois qu’il faut casser au couteau.

Je l’ai faite, ma balade automnale, seule, avec un paysage noyé dans la brume et un ciel dégorgeant de lavis de gris, et, contrairement à l’aquarelle où les teintes s’estompent à mesure que le papier sèche, ici les couleurs du ciel se sont foncées jusqu’au noir d’encre faisant ressortir les verts gorgés d’eau des champs et des arbres.

 
J’ai vu trois ânes dans un pré, deux gris et un noir très peluche...S’il avait fallu les peindre, ces ânes (Cézanne peint !), j’aurais eu beaucoup de mal à trouver les couleurs.


J’étais partie avec l’intention de cueillir des mûres, mais celles qui avaient survécu étaient trop mures (murmures...), et j’ai ramassé quelques champignons dignes de figurer dans un dessin animé, bolets, lactaires plus rigolos que délicieux, et coulemelles.

Si le temps n’avait été aussi menaçant, et si j’avais eu des chaussures étanches, il me semble que j’aurais pu marcher pendant des heures, tellement je m’enivrais des senteurs de la terre humide, tellement je ne pensais à rien hormis les sensations de l’instant... comme s’exclamer niaisement devant un champignon aussi énorme qu’une scarole ou glousser de plaisir devant les avancées tumultueuses des nuages car je savais que je serai rentrée avant la tempête ! 

Ce petit conte d’automne ne pèse pas lourd dans les comptes d’automne (de ma vie), ni dans les comptes de résultat, mais il est à mettre au bilan de ce qui est intouchable, sentiments et correspondances, défis lancés au temps, aussi éphémères soient-ils, et tous les possibles, timides tentatives ou grands projets - contre l’oubli et le repli rance et racorni de l’hiver.

Bientôt nous plongerons dans de froides ténèbres ;
adieu vive clarté de nos étés trop courts…[1]

mais faut pas se plaindre hein…
il est pas si mal cet été indien !!![2]




[1] Baudelaire/Les fleurs du mal/chants d’automne
[2] ça c’est le dicton du jour