Que sont donc ces temps où parler des arbres est presque un crime
Puisque c'est faire silence sur tant de forfaits!
Berthold
Brecht, à ceux qui viendront après nous
Oui
mais parler des forfaits c’est sans fin, Lampedusa évoque aujourd'hui plus un film noir que le guépard, la liste du dérisoire est toujours actualisée, une photo familiale matchée de la cérémonie du
thé devant le petit château de Sieur Fillon et hier sur la 2 à propos de Matthieu
Ricard on voit une femme qui était arrogante, méprisante, qui est
devenue gentille, dit bonjour à son boulanger… et M.R. de surenchérir que
c’est prouvé scientifiquement, qu’on peut vivre plus longtemps si on est
altruiste… c’est à pleurer ! Finalement à trop faire dans le consensuel on dérive vite sur la rive opposée.
Eh
bien indirectement je vais parler des arbres.
Qu’est-ce
qui est orange, pèse moins d’un gramme et entreprend chaque année un
immense périple pour hiverner ?
C’est
le monarque, un papillon aux ailes nervurées de noir et tachetées de blanc.
J’ai découvert cette fabuleuse migration dans le roman de Barbara Kingsolver dans
la lumière et cette étonnante correspondance entre le Canada et le Mexique.
Un
petit résumé des faits avec des lacunes sûrement, les sources du net n’étant
pas toujours claires et parfois contradictoires.
La
génération de lépidoptères née vers la fin de l’été est celle qui entame le
voyage de l’Ontario vers le nord du Michoacan, à 200km à l’ouest de Mexico dans
une immense forêt d’altitude de cyprès, pins et grands sapins. Ce papillon
migrateur est aussi un planeur qui se laisse porter par les courants aériens
ascendants pour franchir les montagnes et un insecte qui se met en diapause de
la fin de l’automne au printemps et si une seule génération fait le voyage
aller, plus la pause, ce qui fait une durée de vie de 7 à 8 mois, il faut
plusieurs générations pour le come back, les autres générations vivant
en moyenne 2 mois.
Ils se reproduisent en
mars, à la fin de la période d’hibernation. Pendant le voyage vers le nord ils
pondent leurs œufs sur des plants d’asclépiade. Ces plantes contiennent des
alcaloïdes toxiques pour de nombreux animaux. La chenille consomme les feuilles
de la plante, emmagasine les cardénolides, un stéroïde, ce qui la rend
indigeste pour les oiseaux.
Un autre papillon fort
ressemblant au monarque, le mimique, est comestible mais du coup dédaigné lui aussi par
les prédateurs.
C’est
la fournée des œufs pondus entre le Mexique et le Canada qui revient en général
en juin, plusieurs générations se succèdent avant d’atteindre le Canada.
Comment
les papillons retrouvent-ils ces lieux qu’ils tapissent d’orangé et les mêmes
troncs sur lesquels ils s’agglutinent…, j’ai lu des choses sur les horloges
« circadiennes » de leurs antennes mais on ne va pas demander aux
anguilles pourquoi elles quittent les froides rivières d’Europe pour
frayer et mourir dans la mer des Sargasses!
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