dimanche 3 février 2013

espoir en boîte


J’étais optimiste à la fin de ma précédente note en ce qui concerne l’Inde, peut-être aveuglée par mon attrait pour ce pays. L’article de Chouyo (chouyosworld.com) Inde : le sexe comme champ de bataille montre qu’encore une fois le levier de l’émotion tient lieu de pensée et d’analyse.

Mais l’optimisme c’est comme un baromètre et il suffit de peu pour le faire remonter. Et il risque de grimper en Inde où plusieurs mouvements de femmes appellent à des projets le jour de la St Valentin et se mobilisent pour passer de l’indignation à l’action concrète.

J’ai voulu musarder du côté de certains mythes féminins comme Lilith, figure emblématique du féminisme des années 70, assimilation d’un mythe sumérien, pour certains la première femme, avant Eve ; le plus intéressant est dans l’Alphabet de Ben Siva, elle se considère comme l’égale d’Adam car tirée de la même terre, elle refuse la position du missionnaire, dispute dans le couple. Elle en appelle à l’Eternel, des ailes lui poussent, elle abandonne Adam et l’Eden, elle s’obstine. Dieu la condamne, la suite est encore plus confuse, elle devient le serpent tentateur, une succube, la femme du diable…on se perd dans les dédales ésotériques, représentation de la tentation féminine et de la lune, déesse ailée des rêves érotiques, symbole des plaisirs interdits et de la sorcellerie…la barque est chargée.
Sur la photo, bas-relief mésopotamien, 2000 av.JC, Lilith/Inanna porte une couronne lunaire. Elle aurait appris à voler la nuit avec ses 12 filles, les Lilims. Elles hantaient les hommes pendant leur sommeil.

Celle qui m’intéresse davantage c’est Pandora. Elle fut créée sur l’ordre de Zeus qui voulait se venger des hommes pour le vol du feu par Prométhée et fabriquée dans de l’argile et de l’eau par Héphaïstos. Athéna lui donna la vie et l’habilla, Aphrodite la beauté, Apollon le talent musical, Hermès lui apprit le mensonge et l’art de la persuasion, Héra la curiosité et la jalousie. C’était la première femme puisque les hommes vivaient jusqu’alors avec les dieux et Zeus l’offrit à Epiméthée, frère de Prométhée (il accepta bien qu’il eût promis à son frère de refuser les cadeaux de Zeus, timeo Danaos…). Pandora apporta dans ses bagages une boîte mystérieuse, en fait une jarre, que Zeus lui avait interdit d’ouvrir. Celle-ci contenait tous les maux de l’humanité, notamment la Vieillesse, la Maladie, la Guerre, la Famine, la Misère, la Folie, le Vice, la Tromperie, la Passion ainsi que l’Espérance.
Pandora céda à la tentation et ouvrit la boîte (certains textes disent que Zeus lui ordonna de l’ouvrir), libérant ainsi les maux contenus ; elle voulut la refermer pour les retenir mais trop tard. Seule l’Espérance, qui peut se définir aussi comme l’attente de quelque chose, l’appréhension , la crainte irraisonnée,  plus lente à réagir, y resta enfermée.
La comparaison s’impose avec Eve, dans les deux cas, c’est la femme qui commet une irrémédiable erreur en succombant à la tentation ; Lilith, elle, trouve plus fort et plus intéressant que la tentation et le péché, elle en devient l’incarnation.

Retour à l’âge d’or, sous Cronos les hommes et les dieux vivent en harmonie, pas de vieillesse, pas d’enfance, pas de femme, pas de travail, une vie masculine dans la béatitude. Mais s’ils vivaient comme les dieux ils n’étaient pas immortels et s’éteignaient paisiblement,  « ils mourraient comme enchaînés par un doux sommeil ».
Zeus devient le roi des dieux, il organise, hiérarchise, et délègue Prométhée auprès des hommes, et une rivalité se fait jour entre eux bien avant l’histoire du feu.

Ce qui va caractériser la vie humaine c’est son ambiguïté, plus de bien sans mal, plus de jeunesse sans vieillesse, plus de travail sans souffrance…
Ce qui me semble qualifier la naissance des mythes fondateurs et des religions c’est la peur de la femme, la peur de la jouissance, l'envie de la maternité…peut-être au départ une fascination pour la femme et la nature d’où l’adoration parfois ambivalente d’une idole de pierre froide, belle et monstrueuse.

Khajuraho
Si en Inde on voit dieux et déesses copuler joyeusement sur les bas-reliefs des temples hindous et jaïns le voile pudibond qui recouvre la sexualité humaine est une chape de plomb. J’ai déjà évoqué ici les soucis qu’a eus Nina Paley avec son film Sita chante le blues car elle osait s’en prendre à Rama.

On termine ce petit tour mythologique option dualité féminine avec Sophia La Sagesse, déesse suprême déchue à une époque sous le qualificatif de prunikos (malpropre ou prostituée).

Dans le Livre des Proverbes Sophia parle de la création du monde et des liens qui l’unissent au Créateur :
J’étais à l’œuvre auprès de lui,
Et je faisais tous les jours ses délices,
Jouant sans cesse en sa présence,
Târâ
Jouant sur le globe de sa terre,
Et trouvant mon bonheur parmi
Kâli
  les fils de l’homme.


 une photo de Kâli qui hante les lieux de crémation et une de Târâ dont les adeptes invoquent les 108 noms en égrenant leur chapelet





Janvier 2013, dans Pékin pollué un riche industriel a fait circuler  des canettes d’air pur, à quand la distribution, ou la commercialisation, cela dépend de la dose, de canettes d’espoir?     


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