Littérature,
cinéma ? entre les deux mon cœur ne balance pas, il fait du cabotage et
ses ports d’attache sont variés et changeants.
A
certains moments je préfère revoir un film qui ne me procurera pas toujours le
même enchantement que la première fois…mais c’est pareil pour un lieu d’enfance
qu’on mythifiait et qui nous semble tout à coup bien étriqué.
Je
sais aussi que si je prends certains volumes dans la bibliothèque, comme le
fantôme de Canterville, juste pour vérifier s’il peut apparaître dans cette
rubrique par exemple, eh bien je ne le lâche pas et je peux le relire pour
la dixième fois comme un conte.
Là
j’ai envie d’ouvrir la porte, livre et film confondus, de certaines demeures
qui se trouvent juste après le tour de loquet du il était une fois…
En arrière plan du film
de Spielberg, Lincoln, et surtout celui de Tarantino, Django, je
ne peux m’empêcher de penser à Scarlett O’Hara, Mam’zelle Scarlett et
son domaine, Tara, qui symbolise tout ce que le sud a perdu. Plusieurs
actrices ont été pressenties pour le rôle, Paulette Godard et Katharine Hepburn
entre autres mais les premières scènes de la prise d’Atlanta ont commencé sans
l’interprète féminine. Sur le plateau, le frère de Selznick est arrivé avec deux
amis, Laurence Olivier et Vivien Leigh…on connaît la suite et le public aurait
dit mieux vaut une Anglaise qu’une Yankee !
Rebecca, le premier film
américain d’Hitchcock d’après Daphné du Maurier ; deux points communs avec
le précédent, Selznick est producteur et une vaste demeure gothique, Manderley,
occupe une grande place, à tel point qu’Hitchcock a pu dire que la
maison est un des trois personnages principaux du film .
Ah
Maxime de Winter et sa gauche épouse, on sait à peine son
prénom, elle entend celui de Rebecca des dizaines de fois dans la bouche de la
glaciale Mrs Danvers, elle ouvre fascinée la chambre de la défunte dans l’aile
ouest de la maison...
Il a obtenu l'Oscar du meilleur film de l'année, la statuette ira à Selznick et sir Alfred n'en aura jamais.
Encore un point de comparaison, il s’agit de l’adaptation d’un
roman célèbre. Dans son livre d’entretiens avec François Truffaut Hitchcock
raconte l’anecdote suivante : deux chèvres sont en train de manger les
bobines d’un film adapté d’un best-seller et une chèvre dit à l’autre
« moi je préfère le livre ».
avant |
après... |
La
lande anglaise des sœurs Brontë est à elle seule un royaume mais Thornfield
Hall est inséparable de Jane Eyre et de son amour pour le maître des
lieux. Comme le précédent il brûle mais l’amour de Jane (même prénom que l'épouse de Max de Winter) et Rochester va
triompher et la mauvaise femme partir en fumée comme la gouvernante
de Manderley .
Dans le patrimoine
français ce serait plutôt la rubrique des palais et châteaux qu’on ouvrirait
avec le Louvre qui sert de décor à plusieurs romans d’Alexandre Dumas, des trois
mousquetaires à la reine Margot, le château de Chambord pour peau
d’âne de Jacques Demy ; et un domaine sans nom qui laisse d’autant
plus place au rêve, « quelque vieux manoir abandonné…quelque vieux pigeonnier
désert… », nous n’avons comme description que la tourelle grise que le grand
Meaulnes aperçoit au-dessus d’un bois de sapins.
Un
final célèbre, sur la grille d’entrée de Xanadu une affiche défense
d’entrer dans ce manoir lugubre (NO TRESPASSING) qui recèle de nombreuses sculptures toujours dans
leurs caisses et le citoyen du lieu, un certain Charles Forster Kane, s’y
éteint solitaire une boule de verre dans la main…
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