Coquin, ne t’ai-je pas interdit pour un mois ?
Que voila une belle
apostrophe lancée par Cyrano avant son entrée en scène!
Celle que la FNAC m’a envoyé il y a quelques jours me ferait pleurer de honte pour ce qu’elle renvoie de ce monde merveilleux
M….., on s’aime depuis 5 ans !
Les bras m’en tombent des cuisses, comme on dit à Lyon, je vais me réfugier dans le monde des figures de style, d’insistance, de répétition, d’amplification, d’atténuation, de garde-fous…Ces mots un peu compliqués sont rassurants car ils balisent un territoire de sentiments, d'idées et enrobent les aspérités du langage, habillent les formes...ah! la fameuse litote Va, je ne te hais point murmurée par Chimène à Rodrigue, si douce à l'oreille même pour ceux qui n'en sont pas les destinataires... enfin toutes ces modulations qui peuvent apporter de la nuance, de l’ironie, du jeu, du désir caché sous le verbe.
La première s’appelle l’anadiplose et Marivaux l'illustre par la répétition d’un même mot en début et en fin de proposition
Peut-on se figurer de mariage plus doux, d'union plus délicieuse?
Délicieuse! que tu es folle avec tes expressions!
La répétition volontaire d’un mot ou groupe de mots au début ou à la fin de plusieurs propositions, l’anaphore, beaucoup utilisée en poésie :
Trouver des mots forts comme la folie
Trouver des mots couleur de tous les jours
Trouver des mots que personne n’oublie.
Aragon
La suivante, dans mon classement, va se surpasser également chez Edmond Rostand
…c’est un roc !...c’est un pic…c’est un cap ! Que dis-je, c’est un cap ?...c’est une péninsule !
Elle se nomme l’épanorthose ou figure de correction : on fait semblant de se rétracter, de corriger ce qu’on vient de dire, comme trop faible pour ce qu’on veut exprimer.
Là je vais commencer par la citation , je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue. (Racine) car elle englobe deux figures, l’asyndète, ou suppression des coordinations et un jeu sur les sonorités, les homéotéleutes, mots employés à la fin de chaque phrase ou proposition, qui ont la même terminaison.
J’aime beaucoup la paronomase, un jeu sur des mots qui se ressemblent, paronymes, qui se rapproche du calembour (antanaclase) et de la contrepèterie, mais pas chez Verlaine
Il pleure dans mon cœur
Comme il pleut sur la ville.
Ma préférence cependant au zeugma (le seul dont je me souviens du nom), alliance d’un mot abstrait et d’un mot concret, dans un but souvent comique et je cite le maître du double zeugma, Desproges : après avoir sauté le petit- déjeuner et sa belle-sœur le petit Prince reprit enfin ses esprits et une banane.
Pour terminer sur une note poétique et s’éloigner davantage encore des rivages nauséeux de l’apostrophe mercantile et vulgaire je retiendrai la nuit et l’acrostiche, on écrit des vers dont les initiales, lues verticalement et dans l’ordre, forment un mot en rapport avec le poème
La nuit descend
On y pressent
Un long destin de sang
Apollinaire a dédié ce poème à Lou
Apollinaire a fait beaucoup de calligrammes et quels calligrammes !
Mais je choisis celui de Maurice Carême pour le style de la figure
Bravo, Monique, pour cette synthese des figures de style! Je t'envoie cet acrostiche, petit poeme que j'ai écrit sur les cygnes de Sudbury. En anglais bien sur, mais not a problem for you!
RépondreSupprimerSudbury Swans
Splendid, wondrous creatures
Undulating on the water
Dazzling display of white
Bold acrobats of the ripple
Untamed, inscrutable
Royalty among the river fowl
Yonder they glide
Such large birds and yet they fly
Water and sky they have conquered
Angel feathers on proud galleons
Neck extended, uppity eye
Super cool Sudbury swans
Dominique, merci je voulais répondre avec un long acrostiche, du côté de chez Swann...et puis je préfère citer Paul Vincensini
RépondreSupprimerMoi l'hiver je pense
Aux petits oiseaux
Qui couvent des oeufs glacés
Dans les arbres
Moi l'hiver je pense
Aux petits poissons
Qui se gèlent les bonbons
La nuit
Dans les rivières
Il fait froid ce matin
RépondreSupprimerEt les oiseaux ont faim
De petits flocons blancs tombent tout doucement
A terre ils fondent
Ils ne sont pas de ce monde
J'ai écrit ca un matin d'hiver l'année derniere. De ma cuisine, c'était exactement comme ca et ca m'est venu comme ca, tout d'un coup en francais. Excuse-moi si je te l'avais déja envoyé.
mais ils sont intemporels ma belle!
RépondreSupprimeret c'est plus poétique que se geler les bonbons...mais j'avais trouvé ça très drôle,I kiss you
J'ai aussi bien aimé le poeme de Paul Vincensini, mais bien sur, ayant hate de te faie lire le mien, j'ai oublié de te le dire!
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