dimanche 19 juin 2011

secrets d’alcôve

La soubrette est au goût du jour, enfin au goût de certains messieurs, comme s’il y avait un retour du refoulé, avec un raccourci de la culture bourgeoise du XIXème siècle et de la littérature porno dont elle est un des supports pendant plusieurs décennies…

Mais on ne peut la laisser de côté, la soubrette (sens étymologique), elle qui a supplanté la servante dans l’intérieur bourgeois, dans les hôtels, avant de devenir une femme de chambre… encore plus intime dans le langage.

Début de pièce imaginaire à la Feydeau…un peu daté quoique …

Pendant que la jeune fille de la famille, vierge timide, brode son trousseau avec l’aide de sa mère et de la lingère, son futur époux, dans la lingerie familiale, trousse la bonne, que son père avait (des) honorée avant lui, à peine pubère.

Sur un air de Mozart…

Acte I, scène 1 : où Figaro pas si futé découvre grâce à Suzanne que son petit chapeau plait beaucoup au Comte prêt à rétablir le droit du seigneur…

Sur un air de Molière…

Acte II, scène 3 : Dorine, Mariane

Où Dorine, qui a démasqué Tartuffe, et qui perçoit aussi son hypocrisie en matière de sexe, tente d’émanciper Mariane en la poussant à se révolter contre le projet de son père.

Sur un air de Mirbeau et Bunuel…

Célestine, femme de chambre accorte[1], offre son joli petit peton au maître de maison, afin qu’il lui essaie, non ne fais pas la prude, ce n’est pas un vendeur de chaussures, qu’il lui enfile une bottine pour prendre son pied….

Chez Marivaux, les servantes, requalifiées en suivantes, sont souvent des copies conformes ou inversées de leurs maîtresses, qui les utilisent pour leurs expériences et jeux amoureux.

Et la servante « au grand cœur dont vous étiez jalouse », la fidèle et dévouée bonne du curé, qui peut être objet de fantasmes et de chansons paillardes…celle des nouvelles de Maupassant qui ne vit pas vraiment un conte de fée…je recommande au passage l’histoire d’une fille de ferme.

Françoise, dans La recherche, est placée plus haut que la duchesse de Guermantes, puisqu’elle ne tombe pas dans l’estime du narrateur, ni socialement, bien qu’elle soit décrite parfois comme une sacrée garce, surtout avec les autres domestiques, et Proust finira sa recherche avec une Céleste Albaret aux petits soins pour lui…

Un petit tour du côté des nurses, des gouvernantes…et là on entre dans le roman anglais avec Jane Eyre, précurseur des mythes de la secrétaire et du patron, de l’infirmière et du chirurgien, patin couffin, dont rien ne sortira sinon de l’eau de rose, alors que Charlotte Brontë nous captive toujours…, dans la légende américaine avec la nounou noire (Mamzelle Scarlet !) de Autant en emporte le vent, dans le mystère avec la gouvernante des deux enfants du Tour d’écrou d’Henry James.

Terminons avec cette image qui ravira les fans d’Hitchcock, je pense à quelqu’un en particulier, et ravivera les frayeurs occasionnées par la peu amène (contraire d’accorte) et terrifiante Mrs Danvers de Rebecca.






[1] Adjectif souvent associé à servante, comme avenante, pimpante…provocante ?

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