jeudi 14 juillet 2011

Une saison à Londres

Pourquoi écrire sur l’Angleterre ?
Why not ?

Parce que c’est d’abord une love story 

Parce que l’ambivalence est toujours source d’un peu de mystère….

Quand j’étais adolescente, l’Angleterre m’apparaissait comme une terre d’évènements, de liberté, de rencontres, bien loin de mon univers de banlieue.

Quand j’ai découvert la littérature anglaise, d’abord par des romancières, elle me semblait, et c’est toujours vrai, inépuisable… et cette admiration n’a fait que croître et s’élargir.

Le lien s’est distendu ensuite sans jamais se couper. Mais mon amour en a pris un sacré coup l’été 1997. J’étais partie avec des images encore littéraires

Ces Anglaises chez lesquelles nous avons loué des « bed & breakfast » avaient presque toutes des chats et bien d’autres caractéristiques communes, en particulier celle d’être maniaques et obsessionnelles. Elles ressemblaient pour certaines d’entre elles à l’héroïne du livre d’Elisabeth Taylor que je venais de lire, une femme peu troublée par la mort de son mari, qui devenait féroce dès qu’on la perturbait dans ses habitudes...(Le cœur lourd )
C’est une vision très partielle, et partiale certainement, de cette partie de l’Angleterre à des années-lumière des films de Ken Loach. Dans la région où nous sommes allés, tout était vert et propret, pas de chômeur à l’horizon de cette campagne pour décor de théâtre, pas de travailleur immigré, et très peu de touristes, car les prix étaient plus élevés, chez l’habitant, que dans des hôtels de grand standing partout en Europe (le premier soir, sous la pluie, la première enseigne B&B proposait deux chambres couleur layette pour 900 Frs. la nuit, oh ! my God ! j’ai cru avoir une british syncope).

Elles avaient aussi des bibelots à profusion; un objet m’a particulièrement frappée, c’est une petite chose molle mise devant les portes pour les laisser ouvertes, par exemple une grenouille flasque remplie de petites billes croassantes, ou un canapé miniature avec les petits coussins cousus assortis, pouah!

Ce marché des horreurs a eu d’ailleurs de beaux débouchés avec le mariage princier, et hélas si ce n’étaient que gadgets pourris…

« Dans le Berkshire donc, prévaut la volupté d’être anglais, de droite, défenseur des vieilles valeurs-patrie, travail, monarchie ».[1] J’aimerais ne pas avoir à dire le Beurkshire….

Mais je m’égare, retour sur le plaisir de lire et celui de la découverte, je viens de finir Haute société  de Vita Sackville-West, je voulais continuer avec Dark island , je croyais qu’il n’existait pas en français et j’ai appris par une blogueuse (Lily et ses livres) qui apprécie beaucoup la littérature anglo-saxonne qu’il venait d’être traduit, it’s good, isn’t ?

Les romancières anglaises ! on cite toujours Jane Austen et les sœurs Brontë, mais certaines sont ignorées de leurs compatriotes, comme Lettice Cooper, très peu connue en France avec seulement deux ouvrages traduits. Une journée avec Rhoda est un des plus merveilleux livres que j’ai lus (il y a longtemps et je me souviens fort bien de cette analyse dans la dentelle de la disparition d’une classe sociale à travers le prisme des relations familiales lors d'un déménagement).  
Quant à Elizabeth Taylor, elle a peut-être été éclipsée par sa célèbre homonyme , on a un peu parlé d'elle quand Ozon a fait le film Angel .

Et je ne pourrai les nommer toutes, les Anne Fine, Anita Brookner, Elisabeth von Arnim, Barbara Pym, Angela Huth, Rose Tremain, Agatha Christie, … quelques hommes dans ce lot, Forster, bien sur, avec Route des Indes et Maurice, Oscar Wilde et aussi John Fowles, parce que Sarah et le lieutenant français est le livre que j’ai le plus relu. 

Je ne vais pas laisser dans l’ombre les Américaines et surtout Edith Wharton, dont j’ai apprécié Le temps de l’innocence, La récompense d'une mère, Chez les heureux du monde,... J’avais dit dans ce blog que je savourais l’idée de relire ce dernier, en fait pour la troisième fois, eh bien ce sera peut-être aussi la dernière, car le personnage de Lily Bart m’a tellement émue et brassée, deviendrai-je plus sentimentale en vieillissant ? Je crois surtout que l’idée de cette femme qui sait tout ce qu’il faut faire pour arriver à ses fins, et ne peut s’empêcher de se mettre en échec car si elle veut faire partie de cette société huppée elle en refuse aussi la plupart de ses codes, a quelque chose de vraiment triste et pathétique.

Bien sur il y en a d’autres, Joyce Carol Oates, une boulimique de l’écriture, je n’aime pas tout…je viens de lâcher en route La fille tatouée , trop manichéen, je préfère Blonde et Les chutes, Siri Hustevdt, j’ai aimé tous ses livres (je n’en dirai pas autant de ceux de son célèbre mari), Jane Smiley, Barbara Kingslover, Laura Kasischke…

Pour les hommes, Colum Mc Can (Les saisons de la nuit), Ian Mc Ewan (presque tout), Russel Banks (je suis une inconditionnelle), Tom Wolf (Le bûcher des vanités….  pauvrette, de se voir si haut perchée elle se croyait au moins aussi haute que le monde !  on parle ici de la chèvre de M. Seguin, toute ressemblance avec un personnage réel ne peut être que fortuite…), un livre qui m’a envoûtée littéralement,  Accouplement,  de Norman Rush, mais j’ai calé au deuxième, et toute ma gratitude à Michael Connelly pour les heures  passées avec Harry Bosch. 

J’ai omis une grande de la littérature anglaise mais je vais l'avouer, oui j’ai peur de Virginia Woolf, j’ai quatre livres dans ma bibliothèque et pour l'instant le déclic ne s'est pas fait...

Cela me rappelle les engueulades avec des copines il y a fort longtemps à propos de Marguerite Duras ; il y avait celles comme moi, qui se satisfaisaient des histoires du Marin de Gibraltar et de Barrage contre le Pacifique, et il y avait les inspirées, les durascuires, qui savouraient avec des mines gourmandes et dédaigneuses pour les non initiées Le ravissement de Lol. V. Stein et Détruire dit-elle….

Pourquoi cela m’agaçait tant ? peut-être car cela laissait entendre que je n’avais pas compris ce qu’il y avait à comprendre…pas perçu le sens de cette œuvre réservée à ceux qui avaient la clef !

Il faut clore cette page déjà longue sur des écrivains que j’aime, car je pourrais en rajouter sans cesse et c’est comme les exclamatifs et superlatifs italiens, transition pour la prochaine destination perche no l’Italie ?




[1] Article du Monde du 22 avril 11, le Berkshire étant la région natale de la « princesse »

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