jeudi 7 juillet 2011

Voyage dans le cocasse

Le cocasse, l’insolite, le pittoresque…

Cela me rappelle une petite blague idiote, la maîtresse propose une rédaction « racontez avec pittoresque une promenade en forêt », et l’élève qui commence ainsi : je me promenais dans les bois et au détour d’un sentier le pittoresque caché derrière un arbre m’a sauté à la figure


L’été 1996, nous étions à Gubbio, jolie ville fortifiée nichée dans une vallée des monts d’Ombrie, nous déjeunions dans la salle en sous sol d’un restaurant, nous avions commandé des pâtes, et l’inquiétude commençait à supplanter la faim, car nous trouvions que cela sentait le gaz, de plus en plus fort...  Et de commencer à nous dire que nous étions nombreux dans cette cave, et pour évacuer les lieux ce serait chaud!

L’odeur semblait amplifier à mesure que les assiettes fumantes arrivaient sur les tables. Quand ce fut notre tour, nous n’avions plus très faim, nous pensant condamnés, mais les quatre assiettes de pasta al tartuffo nous ont redonné de la vigueur quand nous nous sommes aperçus que le fumet de pâtes au gaz était celui de la truffe locale.

En 2003 départ pour l’Inde du sud, arrivée à Madras, exténuée après le retard du premier vol et les courses folles dans la nuit pour attraper les vols suivants…ma première impression d’étrangeté fut un panneau brandi dans l’aéroport indiquant qu’on recherchait Mr Siva Lingam !


Dans la cohue du souk d’Agra la vision d’une vache sur le balcon minuscule d’une maison… et plus au sud une autre prenant un bain dans l’Océan Indien.


A Haridwar, ville sainte au bord du Gange, un shadou hirsute et presque nu qui vivait dans un arbre, et dans le creux du tronc il avait une petite télé…

Dans un lieu de pèlerinage  jaïn , un vieil ascète Shvetambara (vêtu de blanc) se faisait nourrir par une femme qui lui mâchait la nourriture avant de la lui mettre en bouche… Et comme son unique vêtement ressemblait à une barboteuse, l’impression de régression était saisissante.

A Bombay un écolier richement vêtu avec toute la panoplie des marques occidentales enjambant un gamin des rues dormant sur le trottoir.


au coin de la rue à Ahmedabad
Tout cet insolite indien est inépuisable et ne l’est aussi que parce qu’il rompt avec nos habitudes et nos schémas mentaux.



Mais je mentionne cependant les 10km en rickshaw de Bénares à Sarnath car il ne s’agit plus d’impressions, j’étais réellement dans un jeu vidéo, j’en ressens encore les secousses.

Sur une aire d’autoroute, en France, j’ai entendu une femme dire à ses enfants  tation la gadoue  et j'imaginais un étranger parlant parfaitement le français cherchant désespérément de quelle langue il s’agissait ou même sorti du contexte un français perplexe devant ce virelangue inédit .

Spectacle  Germinal  au fort de Bron il y a une vingtaine d’années. Les spectateurs étaient assis sur des espaces restreints, chaque groupe visionnant une scène différente. Lors de celle montrant la fureur des femmes envers l’épicier, qui brandissaient son attribut viril, mon plus jeune fils s’est écrié « Mais qu’est-ce qu’elles lui ont coupé ? » et  le public, ravi de cette diversion (mais pas son frère), s'est tourné vers les parents, attendant de voir comment ils allaient répondre. Je n’ai d’ailleurs pas trop manié l'euphémisme car je crois me souvenir que mon fils a répliqué encore plus fort : mais c’est dégueulasse ! 

J’étais à Londres pour voir une amie partie vivre en Angleterre, un hiver des années 70, et le repas de Noël, même dans un squat, n’échappait pas à la traditionnelle dinde farcie. Je demande à mon voisin s’il en  veut encore et j’ai du employer une formule comme « do you want more stuffing ? », j’ai vu quelques sourires et regards à peine gênés, discrétion british oblige, et je n’ai compris qu’après (l’explication de mon amie), oh shocking ! que je lui demandais s’il voulait encore baiser…

Il n’y aura pas de dessert, le pudding attendra, car c’est la transition toute trouvée pour mon prochain texte, qui mijote depuis longtemps, bien avant la création de ce blog, et si j’en connais à peu près le contenu, mon amour rarement déçu pour la littérature anglo-saxonne, qui a éclos avec les romancières anglaises, il s’agit maintenant de trouver les mots pour le  partager !


En attendant voici une photo prise en 2005 à Udaipur « Les 2 Anglaises et le continent indien » tout droit sortie de la Route des Indes de Forster.





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