jeudi 15 décembre 2011

Le cours de la cocotte

Je voulais changer de cocotte, non ce n’est pas une pièce de Feydeau, juste une casserole, mais si j’écris à son propos c’est parce que je suis tombée du placard quand j’ai vu le prix de ces ustensiles qui se dandinent comme des produits haut de gamme pour lesquels rien ne justifie qu’on casse sa tirelire…ça vaut certainement le coup de soulever un peu le couvercle. 


Je ne vais pas m’orienter pour autant vers un blog culinaire et comparatif, juste un mot sur les cocottes minute, elles aussi hors de prix, à mettre carrément la pression quand il s’agit de changer un joint ou une partie du couvercle…

Que nous cache cet objet réceptacle d’imaginaire, qui s’est transmis parfois à des générations de femmes, plus précieux que les recettes jalousement conservées, dans lequel cuisent à feu doux les bonnes vieilles tambouilles du terroir, aux effluves passéistes, épicées de nostalgie (c’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes etc.…) ?

La vulgaire cocotte, toute simple, sans pedigree, est introuvable et celle des grands magasins a aussi vu sa cote grimper[1].

La moyenne cocotte, on va dire la bourgeoise, la Creuset ou la Cousances, n’est pas si géniale que ça car elle ne « saisit » pas (grand chose, en tout cas pas la mienne) ; à propos de bourgeoises c’étaient plutôt les cuisinières qui passaient des heures devant les fourneaux, pas les maîtresses de maison.

La cocotte Staub, la noble, le luxe, peut-être pour les grands amoureux de la cuisine et les snobs qui se prennent pour des restaurateurs… elle se la joue vraie de vraie à l’ancienne, moulée à la louche, noire, émaillée ou pas je n’en sais rien, je pencherai pour émaillée qui fait semblant de ne pas l’être.


Ses copines de classe : la bassine à confitures et les casseroles en cuivre, la poêle en fonte lourde, très lourde…plus c’est lourd meilleur c’est[2].


Elle exhale un fumet de nourriture d’antan,
elle défie les modes et les outrages du temps,
elle nous mijote des plats aux petits ognons,
des dindes rôties truffées de douces illusions…


Si vous mettez dans ce vase sacré       
une jardinière de légumes surgelée,
le contenant vous protège et vous absout,
vous n’avez pas pris un quelconque faitout…



[1] on voit plein d’idées cadeaux « cocottes » et le comble du ridicule ce sont de minuscules cocottes pour aller se faire cuire un œuf par exemple…
[2] comme certains livres de cuisine qui s’apparentent à des livres d’art (ou du cochon, ouh que c’est mauvais…)

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