lundi 14 novembre 2011

Etalage


Elles sont toutes là, rangées, pas trop serrées, l’une chevauchant parfois l’autre, mais toujours elles font la paire : foncées, claires et rouges elles étalent leur vie secrète, leur fêlure, comme celle dont le talon gauche s’use toujours au même endroit, et cette autre, dorée, qui a l’air de vous snober car elle sort les grands soirs et rentre au petit matin…

Celle-ci est sage, un peu plate, elle pourrait passer inaperçue, elle sent la jupe de lainage et le pull en cachemire, sa peau caramel est douce et elle a du style derrière sa réserve…

Les baskets sont immaculés, ils ont peu servi ou ils ne connaissent que la salle de gym aseptisée…

En voici une dévastée, ravagée, qui accuse l’usure du temps mais évoque les fastes d’un passé riche, sensuel et provoque encore du haut de son petit 37 affaissé.

Les ballerines vichy ont du relayer les talonnées sur les parquets cirés ou non.

Les bottines en caoutchouc ont sûrement fait des rencontres dans les petits chemins sous un coin de parapluie.


Ah et cette nature lestement débridée, juchée sur de très hauts talons, et toute la volupté d’un entrelacs de petites lanières de cuir noir dont la vue seule suffit à vous donner une folle envie,  petit cordonnier, de faire danser la belle toute la nuit!

1 commentaire:

  1. Très joli texte.

    Et qui arrive, pile au moment, où je troque définitivement l'escarpin à brides pour la botte montante.

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