samedi 19 mars 2011

Lettre à la princesse

J’avais écrit ce texte quand le landerneau parisien s’était ému des attaques de Nicolas Sarkozy contre Madame de La Fayette, et j’ai d’ailleurs relu la princesse à cette occasion et ai bien plus apprécié cette fois là… comme quoi un peu de publicité ne nuit pas forcément.


Madame

Ma mie il faut que je vous narre un fait bien singulier. Il est arrivé à la Cour de France un curieux personnage, prince ou comte hongrois. Il se nomme Nicolas Sarközy de Nagy-Bocsa et tient d’étranges propos.

Il dit par exemple que dans les siècles à venir on se gaussera de l’amour courtois, encore plus de l’amour précieux, de ce qu’on appellera  ensuite l’amour romantique, bref de l’amour comme sentiment et qu’il ne restera que ce qui est visible aux yeux de tous, un amour populaire en quelque sorte, voire populiste (je ne peux pas faire la différence à ce jour mais je sens qu’il y a une nuance)  qui serait commenté dans ses moindres détails par le plus grand nombre et adoubé par la cour de l’époque, qu’il nomme les journalistes… Il affirme même que dans la Cour où il réside habituellement, où il est appelé à jouer un rôle important dit-il, il présente sa bien aimée tout simplement par son prénom avec cette phrase fort poétique je vous l’accorde « Entre C….  et moi c’est du sérieux ! ».

Les autres cours d’Europe ne sont pas épargnées par ce phénomène. Monsieur de la Rochefoucauld disait l’autre jour à Madame de Lafayette qu’un sieur de Berlusconi prenait beaucoup d’emprise à la Cour de Rome, et s’il est plus âgé que Monsieur Sarkozy, il n’en est pas moins son ami et paraît plus expérimenté.

Je suis tout ébaudi ma mie par ces divagations et d’autres que je ne saurais vous conter tellement elles me déconcertent et je ne suis certes pas un grand épistolier, comme votre amie la marquise de Sévigné.

Mais ne nous laissons point abuser  par les censeurs bouffis de moralisme qui nous entourent, les maris jaloux, les fâcheux qui prédisent que vous n’existerez plus dans les temps à venir et les vaines agitations  de la Cour.

Rien ne saurait ternir ou assombrir l’amour que je vous porte, d’autant plus fort qu’il s’entoure de discrétion et que vos yeux sont  les seuls  témoins de cette passion.

Je  vous porterai  toujours dans mon cœur et pour moi vous serez toujours ma mie, mon adorée,  ma tendrement aimée.

Votre obligé sans restriction, le duc de Nemours

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